EXPULSION BAGNOLET (93) Au croisement de la rue Victor Hugo, l’ancien squat qui abritait une quarantaine de personnes…

EXPULSION BAGNOLET (93)

Au croisement de la rue Victor Hugo, l’ancien squat qui abritait une quarantaine de personnes (officiellement une vingtaine, officieusement, jusqu’à quatre-vingt), a été détruit à coup de tractopelles mercredi 10 février. Les habitants n’ont eu que quelques minutes pour prendre le strict minimum et ont ensuite été conduits dehors par la police.

Depuis plus de vingt ans, des « squatteurs » d’origine africaine mais pas seulement, habitaient ce bâtiment appartenant à la mairie. A 6h du matin, mercredi 10 février, ils ont été délogés. Des hommes, des femmes et des enfants ont même reçu des bombes lacrymogènes avant de tout perdre. Une action très délicate, qui malgré le froid et la neige, s’est déroulée en quelques minutes. Depuis, les habitants sont à la rue et ne décolèrent pas. A l’initiative de la préfecture de police de Pantin, cette expulsion révolte les habitants des alentours qui ne comprennent pas pourquoi le maire de Bagnolet, Marc Everbecq (PCF), a demandé cette évacuation.

Une conférence à été organisée vendredi 12 février dans les locaux de la confédération paysanne. A l’initiative de ce rassemblement, le DAL (Droit au Logement) et son porte parole Jean-Baptiste Eyraud. Une trentaine de personnes étaient présentes. Les conditions dans lesquelles les squatteurs ont été expulsés sont « scandaleuses ». Ils n’ont eu que quelques minutes pour prendre leurs affaires, certains sont sortis sans chaussures et d’autres ont perdu leurs papiers, fiches de paie et autres justificatifs. Sur les quarante habitants permanents, vingt sont sans papiers mais tous travaillent.

La préfecture a expliqué ce délogement en raison de trafic de drogue et de prostitution. Malgré plusieurs descentes des forces de l’ordre, il n’y a jamais eu de suite concernant de quelconque actions illégales. Les habitants et même les voisins sont choqués par cette annonce. Une voisine confie «  jamais je n’ai eu de problème avec eux, jamais je n’ai assisté à des scènes de prostitution ou autre, je suis choquée des déclarations de la municipalité».

Ces accusations, graves, ne font qu’envenimer l’ambiance. Lors de la destruction du squat, les policiers ont découvert deux barrettes de cannabis, pas de quoi parler de trafic.
Après la conférence, une cinquantaine de personnes s’étaient réunie au croisement de la rue de Paris et de la rue Victor Hugo. Un maitre mot « Solidarité ». Rejoint par Augustin Legrand des Enfants de Don Quichotte, le cortège s’est ensuite dirigé vers la mairie de Bagnolet.
Les squatteurs dormaient dans un centre et ont été délogés de nouveau. En attendant une solution de relogement, les expulsés continuent la mobilisation et espèrent se faire entendre.

Et la trêve hivernale dans tout ca ? Avec des températures négatives et un froid glacial, la trêve hivernale n’a pas été appliquée. Le bâtiment avait été habité illégalement. Dans ce contexte, le trêve ne s’applique pas et les squatteurs peuvent être délogés n’importe quand…

Nadine Achoui-Lesage
Images: Julien Boluen
Montage: Bozena Kluba