Voilà plus de trente ans qu’Anna Joliet se consacre aux boîtes à musique. Sa boutique, grande comme un…

Voilà plus de trente ans qu’Anna Joliet se consacre aux boîtes à musique. Sa boutique, grande comme un mouchoir de poche, se situe sous les arcades du Palais Royal, au fin fond du jardin du même nom. Un coin de paradis au milieu d’une nature enchanteresse, au cœur de Paris.

Sa première boîte à musique, Anna Joliet l’a reçue alors qu’elle n’était qu’une enfant. C’est son grand-père qui, un beau jour, lui amena le fameux instrument. « Quand j’ai vu cette boîte, je l’ai d’abord trouvée très moche, raconte-t-elle. C’est alors que mon grand-père m’a dit : « ouvre-la ». A ce moment là, j’ai découvert un univers merveilleux et tout à fait charmant. »

Née en Pologne, c’est en 1946 qu’Anna Joliet arrive en France. « J’étais alors déjà grande, donc je ne vous dis pas mon âge, sourit-elle. » De ses origines, elle a notamment conservé l’accent et une intonation aussi mélodieuse que les boîtes qu’elle vend. « Parfois les mots me manquent, admet-elle, mais je ne sais pas si c’est à cause de mes lacunes ou bien parce que ma mémoire me joue des tours. »

La première boîte a musique date de 1796. C’est Antoine Favre, un horloger genevois, qui en est à l’origine. Le mécanisme est alors le même que celui d’une montre et est contenu dans une tabatière. Très vite, les boîtes se parent de différents artifices : clochettes, tambours, tuyaux d’orgues… Des figurines en tous genres viennent agrémenter des emballages de plus en plus riches et colorés. De la même manière, les lamelles, à l’origine du son, se multiplient. De seize elles passent à trente-huit puis à soixante-douze. Les airs se diversifient eux aussi. Aujourd’hui, les boites à musique arborent toutes les formes, tailles et mélodies possibles et imaginables. Autant de machines à rêver pour satisfaire tous les goûts.

Des boutiques comme celle d’Anna Joliet, la planète n’en compte qu’une poignée. Quelques dizaines tout au plus. La concurrence reste donc très marginale. Cependant, internet pourrait très vite nuire à ce type de commerce. Mais Anna Joliet n’est pas inquiète. « Au-delà de l’objet en lui-même, il y a un contact humain, explique-t-elle, le regard pétillant derrière ses lunettes ovales. Et rien ne pourra remplacer ce lien qui contribue à la poésie de nos boîtes à musique. »

Aneline Mennella et Clément Magnin

Boîtes à musique
9, rue de Beaujolais 75001 Paris
(M° Palais Royal musée du Louvre)