14 MOIS D’OCCUPATION POUR FINIR SUR UN TROTTOIR Après un premier montage la semaine dernière, voici notre reportage…

14 MOIS D’OCCUPATION POUR FINIR SUR UN TROTTOIR

Après un premier montage la semaine dernière, voici notre reportage complet sur l’expulsion du 24 juin.

Les sans-papiers de la coordination 75 (CSP 75) occupaient depuis quatorze mois l’annexe Varlin de la Bourse du travail de Paris. Aujourd’hui, ils sont deux cents à camper sur le trottoir, devant le bâtiment. C’est le mercredi 24 juin que la CGT, qui gère les locaux, a mis ses menaces d’expulsion à exécution. Les gros bras du syndicats sont entrés dans les locaux situés boulevard du Temple dans le 3ème arrondissement de Paris sur les coups de midi, alors que la majorité des sans-papiers manifestait Place du Châtelet. Armés de gaz lacrymogène et de bâtons, ils ont enfumé les occupants les forçant ainsi à sortir. Après une journée passée à récupérer leurs affaires d’abord bloquées dans le bâtiment, les sans-papiers ont donc fini par dormir sur le trottoir. Depuis une semaine, leur situation n’a guère évolué, ils campent toujours sur le trottoir du boulevard du Temple.

La CGT, bien qu’à l’origine d’un mouvement inédit de grèves depuis un an pour faire régulariser des salariés sans-papiers, a donc fini par utiliser la manière forte pour déloger ces travailleurs isolés. Pour Richard Moyon, membre du Réseau éducation sans frontières (RESF) cette situation est « le début d’un nouveau Cachan », faisant référence au squat géant qui avait eu lieu en 2006 dans le Val-de-Marne. Le Cran (Conseil représentatif des associations noires de France), qui veut promouvoir la diversité, a de son côté « dénoncé la brutalité » de la CGT. Les élus Verts de Paris ont parlé d’une « violence injustifiable ». Jean-Claude Amara, de l’association Droits devant!, qui milite avec la CGT, soutenait l’occupation et a qualifié la situation d’ « imbroglio ».

Pourtant, en jetant sur le trottoir du boulevard du Temple les membres de la Coordination des sans-papiers 75 (CSP 75), la CGT a peut être, du moins espérons le, redonné un peu de visibilité au combat pour leur régularisation qui s’était enlisé ces quatorze derniers mois. Jeudi soir, le directeur du cabinet du préfet de police, Christian Lambert, s’est rendu au campement pour rencontrer les sans-papiers. Et vendredi en fin de matinée, la préfecture de police a reçu une délégation de la CSP 75 pour examiner des dossiers.

La CSP 75 demande la régularisation de «tous ceux qui ont occupé la Bourse du Travail» et qui «vivent en France depuis au moins quatre ans», a expliqué Djibril Diaby, membre de la Coordination. Ils avaient déjà demandé leur régularisation sur ces critères il y a un mois, sans obtenir de réponse. Aujourd’hui, ils veulent profiter de la médiatisation qu’a suscité leur expulsion pour réitérer leur demande.

Tous les yeux se tournent désormais vers Éric Besson. Jeudi soir, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a déclaré qu’il revenait au ministre de l’Immigration d’« assumer les conséquences de sa politique et d’apporter, enfin, une réponse favorable à ces hommes et à ces femmes ». En visite à Malte vendredi, le ministre se refusait à tout commentaire.

Mardi 30 juin, la situation restait inchangée.

Antoine Sanchez
Images : Matthieu Martin
Montage : Hélène Viallat

La semaine dernière, nous vous proposions un premier aperçu de cette journée d’expulsion.

La Télé Libre suit depuis longtemps la situation des ces travailleurs isolés sans-papiers et avait réalisé deux sujet à la Bourse du Travail.

Le premier qui date d’avril dernier est signé Adrien Kaempf, Vincent Chirol et Ludovic Veru. Le second signé Joseph Hirsch et Joseph Haley date de mai 2008.

Le 6 mai dernier, les délégués de la CSP 75 fêtaient avec nous, et d’autres, les deux ans du président Sarkozy devant le Fouquet’s, autour d’un point rouge.