Les partis font leurs mises sur les sanctions aux maires qui ne respectent pas la loi SRU (l'alinéa 55 exactement), qui les oblige à un quota minimum de 20% de logements sociaux sur la commune.

Le PS multipliera les sanctions par 3, les Verts par 10, et le PCF rendra inéligibles les maires délinquants ! L'UMP, qui a évidemment des difficultés à s'exprimer sur le sujet (son candidat dirige l'une des communes les plus hors-la-loi en ce domaine), opère une prise de judo rhétorique : la loi SRU serait « insuffisante », et de toutes manières, au pouvoir, l'UMP a fait mieux (selon elle, la loi prévoit 23 000 nouveaux logements par an là où l'état en a créés 78 000 en 2005). De plus, elle se tromperait, confondant « l'impératif de nombre » avec « l'impératif de diversité ». Or justement, elle impose le même quota à toutes les communes, car aujourd'hui, 51% des parcs sociaux sont concentrés sur... 8% du territoire. Ghettoïsation subie ou choisie ? L'UDF s'est intéressé au sujet, en prenant d'ailleurs le problème par les deux bouts : F.Bayrou propose aussi que les classes moyennes et hautes soient incitées à s'installer dans les quartiers et communes à forte proportion sociale.

L'UMP jongle donc, et en rajoute, faisant appel au sécuritaire et, presque, à la peur. Dans le paragraphe sur les logements sociaux de la convention logement de l'UMP, on lit que « les problèmes rencontrés dans certaines zones urbaines sont devenus tels (chômage de masse, immigration non régulée [...] insécurité) que les ménages [évitent massivement] ces quartiers » et donc qu'il ne faut pas « couvrir la France de logements sociaux » dixit N.Sarkozy.
Outre le fait que le lien entre HLM et chômage, insécurité, est passablement facile, il est aussi en totale contradiction avec l'opinion des français ! Selon un sondage CSA pour l'USH (Union Sociale pour l'Habitat), 66% des français trouvent qu'il n'y a pas assez de logements sociaux dans leur commune (et ce dans tous types de communes, et selon tous types de revenus), et de plus, ils plébiscitent la « solidarité » dans ces quartiers, le « mélange social et culturel », et 19% seulement les considèrent comme « des lieux d'insécurité ». Enfin, 38% des français considèrent qu'ils pourraient un jour en avoir besoin, 50% chez les classes populaires.