Les violences gare du Nord en pleine campagne électorale ont provoqué mercredi une nouvelle passe d’armes entre Nicolas Sarkozy et l’UMP d’un côté et la gauche et l’UDF de l’autre. La remise mardi aux gendarmes, par des agents de la RATP, d’un voyageur dépourvu de titre de transport et étant selon le Ministère de l’intérieur en situation irrégulière, a dégénéré en affrontements entre policiers et groupes de jeunes jusque tard dans la nuit.

Treize personnes, dont cinq mineurs, ont été appréhendées par les forces de l’ordre.
Le nouveau ministre de l’Intérieur, François Baroin, a jugé le 28 mars au matin sur Europe 1 « ces violences inacceptables » et souhaité des suites judiciaires.

Campagne électorale oblige, l’opposition de gauche a toutefois ciblé son prédécesseur place Beauvau, Nicolas Sarkozy, d’avoir instauré dans le pays « une logique d’affrontement. »

Les premiers à réagir ont donc été les socialistes, qui dans un texte de Julien Dray, le spécialiste des questions de sécurité, ont dénoncé l’échec de la politique de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité. « Jamais la société française n’a été aussi violente. Jamais les rapports entre le service public de la police nationale et la population n’avaient été aussi dégradés. Les policiers ne peuvent plus faire leur travail dans des conditions normales et disent eux-mêmes que cela ne peut plus durer. »

Les porte-parole de l’UMP Rachida Dati et Xavier Bertrand ont dénoncé ces propos en insistant sur le fait que « alors que ces évènements ont suscité un vif et légitime émoi dans la population française, le porte-parole de la candidate socialiste et la responsable des questions de sécurité au PS ont une fois encore cherché à justifier les actes de violences et de pillages inacceptables qui ont été perpétrés.»

Pour la candidate communiste Marie-George Buffet, les violences à la gare du Nord sont « une nouvelle illustration de l’échec de Nicolas Sarkozy » qui « a semé depuis plusieurs années les graines d’une situation explosive. »

François Bayrou, le candidat de l’UDF a renchéri de son côté en affirmant :« C’est une société qui a des tensions extrêmement fortes, dans laquelle il y a des rancoeurs, (où) un certain de nombre de catégories de jeunes et de moins jeunes ont le sentiment d’être en affrontement avec d’autres catégories, comme les policiers ».

Nicolas Sarkozy a répliqué à toutes ces réactions que les incidents étaient les effets d’une « pensée unique » et « post-soixante-huitarde » et non la conséquence d’un « climat » qui régnerait en France.

« Ce n’est pas du tout un climat dans le pays. C’est parce que depuis des années, une idéologie post-soixante-huitarde a conduit à tolérer l’intolérable », a déclaré le candidat de l’UMP gare du Nord, où il s’apprêtait à prendre un train pour Lille.

Accueilli aux cris de « provocation » lancés par quelques usagers, il s’est dit « du côté de ceux qui payent leur billet de train et qui n’acceptent pas qu’on démolisse les gares ».

Philippe de Villiers, candidat du Mouvement pour la France, a dénoncé l’action de « bandes ethniques qui marquent leur territoire le portable à la main. »

Le FN quant à lui , déclare que « ces émeutes à répétition mettent en évidence la faillite de la soi-disant « politique de sécurité » de l’ex-ministre de l’Intérieur et candidat permanent Nicolas Sarkozy. Le climat quasi-insurrectionnel que connaît la France prouve que rien n’a été réglé depuis novembre 2005. Au-delà des tabous et de l’omerta médiatique, il faut souligner que cette situation est la conséquence directe de la politique d’immigration massive et aberrante menée par les gouvernements successifs depuis trente ans… »

Marine le Pen s’est elle-aussi fendue d’un communiqué en faisant un pas de côté. Sa cible à elle, c’est Jean-Paul Huchon. Voilà un extrait :  » Le clandestin qui, en refusant de se faire contrôler, a provoqué une émeute à la Gare du Nord mardi soir, aurait dû attendre trois jours : en effet, grâce au Président du Conseil Régional d’Ile-de-France il n’’aurait pas du tout payé son titre de transport ! Depuis le 1er octobre, les bénéficiaires de minima sociaux comme l’AME ou la CMU ont droit à une réduction de 75 % sur la carte orange, et le 31 mars les titulaires du RMI ne la paieront même plus du tout. Le Groupe Front National au Conseil Régional d’Ile-de-France aurait approuvé cette mesure si elle s’était appliquée aux Français uniquement, mais M. Huchon a tenu à l’’étendre aux étrangers en situation régulière et aux clandestins. Ceux qui sont en infraction avec la loi bénéficient ainsi de plus de droits que les Français honnêtes ! Il est vrai qu’’en accordant la gratuité des transports publics aux clandestins on évite par définition tout problème de contrôle des billets ! Faisons une suggestion à M. Huchon, pour encore diminuer à l’avenir les altercations lors des contrôles des titres de transport : « la Région Ile-de-France accorde la gratuité des transports publics à toute personne qui présentera un casier judiciaire copieusement rempli ». »

A qui profite ces troubles…réponse le 22 avril à 20 heures.

Avec Reuters

Réactualisation le 30 mars 2007.

Situation administrative du passager contrôlé et arrêté :

Angelo Hoekelet devait se rendre le 5 avril 2007 à la préfecture de police pour un examen de sa situation administrative. Né le 13 juin 1974 à Pointe-Noire au Congo, arrivé en France en 1985, il manquera ce rendez-vous.

Il sera en détention provisoire, dans l’attente de son jugement.

Contrairement à la version donnée le lendemain des faits par le ministère de l’intérieur et la Préfecture de police, il n’était plus sur le point d’être expulsé du territoire. Frappé d’un arrêté de reconduite à la frontière, il a bénéficié, le 15 septembre 2006, d’une décision favorable du tribunal administratif le relèguant, comme des milliers d’autres étrangers dans son cas, dans une sorte de no man’s land administratif.

Selon le ministère de l’intérieur, M. Hoekelet avait déjà fait l’objet de deux interdictions du territoire, prononcées par la justice, en 1993 ; puis d’un refus de séjour avec invitation à quitter le territoire, en 2004. Aucune de ces décisions n’avait été exécutée.