La polémique autour du vote électronique en France est lancée : il pourra représenter, lors des présidentielles, 5% du corps électoral, soit 1,4 millions d’électeurs, et de plus en plus de personnes se mettent à douter de la fiabilité et de la sécurité de ces machines qui pourraient être l’objet de manipulations frauduleuses, forcément indétectables. Selon l’entreprise France élection, première entreprise en France sur le marché du vote électronique (environ 70%), il n’y a aucune possibilité de manipulation car la machine n’est pas branchée en réseau. Elle est sous scellés, mais doit cependant faire l’objet d’un réglage manuel par les mairies avant le début du scrutin avant que ceux-ci soient posés : c’est sur ce point que les principales critiques portent quant à la non fiabilité des machines dont les logiciels pourraient être modifiés.

Il n’y a aucune possibilité de recomptage en cas de problème et on ne peut pas prouver qu’il y a eu fraude s’il y a eu fraude, tel est le problème soulevé par un collectif qui vient de mettre en ligne une pétition . Dans certaines régions où il y a des soupçons réguliers de votes truqués, on peut imaginer que plus rien ne serait contestable et les pratiques de détournements de vote seraient bien plus « sûres » que les votes d’électeurs fantômes par exemple, que ce soit lors de scrutins locaux, régionaux ou nationaux. Cette question se pose d’autant plus, et se posera d’autant plus, en cas de résultats serrés : nous nous trouverions dans une situation à l’américaine, mais avec cette fois avec l’impossibilité de recompter. Le résultat sera contesté et il n’y aura aucun moyen de trancher définitivement. Voici ce que du moins nous indiquent les opposants à l’installation de ces nouvelles technologies alors que l’Irlande a finalement renoncé à utiliser les machines à voter en raison des possibilités de fraudes.

S’il n’y a pas de danger imminent de fraude massive pour les deux prochaines élections françaises, il n’en empêche pas moins qu’à long terme il existe : la démocratie reste fragile, très fragile même dans le monde occidental comme dans tous les pays où elle s’est installée. Le développement de nouvelles technologies, que ce soit dans la surveillance des citoyens au nom de leur sécurité ou dans le processus électoral, nécessitera une attention accrue de la part de chacun. C’est donc là qu’est tout l’enjeu : rien ne vaudra l’urne transparente où chacun glisse son bulletin de vote pour des raisons évidentes. Mais cela ne nous oblige pas pour autant à une paranoïa conspirationniste. Nous vous laissons juger et illustrons cette brève par un extrait d’une émission d’ I Télé, qui en dit beaucoup sur les risques possibles.
Nicolas Condom