LE CRAN SORT SON SOSIE (pour parler discrimination) L’Obamania a gagné l’Assemblée nationale pour quelques heures le lundi…

LE CRAN SORT SON SOSIE (pour parler discrimination)

L’Obamania a gagné l’Assemblée nationale pour quelques heures le lundi 12 janvier. Le temps, pour le sosie « officiel » du futur président des Etats-Unis d’utiliser son image pour dénoncer la recrudescence des contrôles de police au faciés.

« Can I take a picture with you Mister President ? Yes, you can ». Ce
lundi, Barack Obama a fait sensation à l’Assemblée nationale. Enfin,
plutôt un acteur très ressemblant du nom de Michael Lamar, sollicité
par Patrick Lozès, président du comité représentatif des associations
noires de France (Cran) pour venir s’entretenir avec les députés
français sur la question du contrôle au faciès. Un symbole d’autant
plus fort que Barack Obama, en 2004, alors sénateur de l’Illinois,
avait promulgué une loi contraignant les policiers à retranscrire dans
un formulaire des informations sur les personnes  qui ont subi un
contrôle d’identité. « Le seul fait de se savoir observé par le biais
de ces formulaires a amené les policiers à réfléchir avant d’agir », a
expliqué Patrick Lozès.
Michael Lamar a découvert sa ressemblance frappante avec Barack Obama
en juin 2008. A l’époque, le sénateur était en lice pour devenir le
candidat des Démocrates à l’élection présidentielle. Cet employé de
banque, résidant à Philadelphie ne délaisse pas définitivement son
travail mais, sollicité de par le monde, il reconnaît que dans son
nouveau job « les affaires marchent bien ». Le faux Barack Obama a
semblé un peu perdu au moment de franchir le contrôle d’identité à
l’entrée de l’Assemblée. D’autant plus que, conformément à la règle
d’usage, seul un député a la possibilité de s’exprimer entre les murs
du palais Bourbon. Une règle qui a posé problème aux journalistes
venus le rencontrer.
Et si Barack Obama était contrôlé par la police à Paris sans être

reconnu ? C’est le scénario imaginé par le Cran dans cette vidéo:

Au-delà du symbole d’Obama, Patrick Lozès voulait dénoncer une
discrimination qui touche non seulement les populations noires de
France mais également l’ensemble des minorités visibles. « En France,
un citoyen de couleur a deux fois plus de chances d’être contrôlé par
la police qu’un citoyen blanc.1 » Ses chiffres montrent que la
multiplication de ces contrôles provoque l’exaspération, voire même un
sentiment de révolte chez les victimes de ces contrôles fréquents. A
l’instar de ce qui a été instauré dans l’Illinois, le Cran souhaite
que chaque contrôle d’identité fasse l’objet d’un procès-verbal. En
allant à la rencontre des commerçants parisiens en compagnie du sosie
du premier président noir de l’histoire des États-Unis, Patrick Lozès
a cherché à faire prendre conscience du problème au grand public. A
l’Assemblée, il a demandé la création d’un groupe de travail
parlementaire sur cette question. Les députés Jean-Christophe
Cambadélis (PS) et Yves Cochet (Vert), amusés de cette rencontre, se
sont montrés favorables à l’initiative, tout en mettant cependant en
doute la volonté du gouvernement à aller dans ce sens. En effet, le
contrôle au faciès est, selon le Cran, « un des effets collatéraux de
la politique de chiffre en matière d’expulsion ». Patrick Lozès avoue
que, jusqu’à présent, ses tentatives pour contacter Michèle-Alliot
Marie, ministre de l’Intérieur ont été vaines. « Mais depuis que nous
avons annoncé que nous allions faire venir le sosie de Barack Obama,
les choses bougent enfin. » Yes, we can ?

Marie Périssé
Guillaume Robelet
Montage- Anthony Santoro
1 : Enquête menée par le CSA pour le Cran le 4 juillet 2008 sur la
réalité des contrôles au faciès.