40% de votes Front National dans l’Aisne. A peine moins dans la Somme et l’Oise. La Picardie, avec le Nord Pas-de-Calais et les deux Normandies, offre au parti de Marine Le Pen la moitié de ses sièges au Parlement européen. Et maintenant ? LaTéléLibre a parcouru les étendues toutes proches de l’Oise, où pousse si bien le vote FN, pour y glaner les attentes des électeurs du Front.

Une île et un vote Continental

Au lendemain des Européennes, statistiques, cartes et infographies en tous genres rappellent une évidence: dans « Île de France » il y a « île ». Le Front National ne dépasse pas les 10% à Paris intramuros, une « exception parisienne » saluée par Anne Hidalgo qui met l’UMP en tête de la circonscription Île-de-France. Mais au-delà des récifs coraliens du périphérique, des eaux bleues marines de la Seine-et-Marne (27,88%) ou de la Seine-Saint-Denis (20,66%), ce sont désormais des terres frontistes qui s’étendent jusqu’à la frontière franco-belge. Les raisons de ce vote sont connues, les cartes des taux de chômage se superposant parfaitement à celles du vote FN. C’est dans ces zones rurales proches de métropoles urbaines que la précarisation progresse, que les fermetures d’usines font le plus mal. Sodimatex, c’était là. Goodyear ou Continental aussi. Et c’est là que le discours du Front National rassure.

L’électorat fantôme

Les raisons donc, on les connait. Ce que l’on voulait nous, c’est regarder devant, et le faire avec eux. On est donc parti les chercher, ces mal-votants, au volant de la TéléLibre-Mobile et à travers les patelins de l’Oise.

Malgré les 40% du week-end, parler de vote FN décomplexé serait faire affront à nos qualités de journalistes de terrain. Entre les abstentionnistes, les refus tout net et les reculades à base de oui mais non, on a cru ne jamais pouvoir la poser notre question.

 

« Alors, maintenant, on fait tout péter? »

A l’heure du café, et devant nos difficultés, des voisins de tables acceptent de nous répondre. Vote contestataire, oui, mais pas que, europhobe, non, mais un peu. Loin de croire aux solutions apportées par le Front National, ils en rejoignent par points l’analyse, et partagent le constat: « on est étranglés, on bosse pour rien, il faut que ça change. Et ce n’est pas avec l’UMP ou le PS que ça change ».

 

Vous serez vigilant sur leur travail ? Ah oui, intransigeant même ! si ça me convient pas j’irai voter ailleurs après, pour le moment il faut essayer…
Journaliste : Jules Antoine Bougeois
Image : Pierre Fourchard
Montage : Antoine Conord