L'enjeu se situe au niveau du cannabis, drogue douce qui s'est répandue de manière exponantielle ces dernières années, et dans tous les milieux (constat sur lequel tout le monde ne semble pas s'accorder). L'heure est à la répression en même temps que l'explosion du nombre de consommateurs: ils sont 12 millions à déclarer en avoir consommé, 1,2 millions à en consommer fréquemment, le nombre d'interpellations pour usage de cannabis fut de 90 000 en 2005 contre 5000 en 1985. Le budget de la lutte contre les drogues illicites s'élève à 0,3Md€ par an (à noter, c'est 3 fois moins pour les drogues licites). Aucun grand parti ne compte le légaliser. Le sujet de la drogue est une source particulièrement probante pour observer les candidats, leurs méthodes et orientations.

L'UMP, comme pour quelques autres sujets, ne se prononce pas directement mais ses associations d'idées sont intéressantes. « Le concept de drogue douce n'a aucun sens », lance N.Sarkozy et, s'exprimant pourtant lors d'une convention sur la santé, il enchaîne : « et comme les autres drogues, il fait le lit de la grande délinquance ». Bref, le sujet de la drogue est pour l'UMP moins propice au thème de la santé que de la justice, voire de l'égalité et du travail : « il est temps que certains rendent des comptes sur l'origine de leur train de vie et la provenance de leur patrimoine. Quand on ne travaille pas, on n'a pas à être propriétaire d'un appartement, d'une voiture que celui qui travaille ne pourra jamais se payer ». Dans le même discours, prononcé à Douai en Mars 2006, il insiste sur une « réponse aux usages de la drogue » (quid ?) et enchaîne sur « la délinquance des mineurs ». Enfin, et toujours sans aborder le thème de la santé, mais en touchant celui de la morale, N.Sarkozy regrette qu'il n'y ait plus « l'interdit social » à l'égard de la drogue, une déclaration qui indique que l'homme est plus enclin à juger la société qu'à l'accepter.
S.Royal est aussi égale à elle-même sur ce sujet : à gauche, mais pas trop non plus, et active, mais qui laisse au final « les français décider ». La légalisation du cannabis « n'est pas envisageable », mais le PS doit « s'engager clairement en faveur de la dépénalisation » ; bref comme pour de nombreux autres sujets, le PS ouvrira un « débat et proposera une régulation publique ».
Rien d'officiel à l'UDF sur le cannabis, si ce n'est la réponse de F.Bayrou à une interview, qui botte en touche : « on s'honorerait de [lutter contre la drogue] ; l'alcool est une drogue comme les autres [...] une démarche qui touche toutes les drogues, quelles qu'elles soient ».
Les Verts ne surprennent pas : légalisation du cannabis et efforts pour « sortir d'une politique des drogues criminelle et dangereuse ».
Le FN ne surprend pas sur l'orientation mais sur l'ampleur des mesures : JM Le Pen préconise la peine de mort pour les trafiquants de drogue internationaux. En dehors de cette idée choc, il compte appliquer dans son intégralité la loi de 1970 que tous veulent réformer, et imposer des cures de désintoxication. Est à noter que le terme « drogue » revient 19 fois dans le programme du FN, à peine 2 ou 3 fois pour les autres.
Alternative Libérale compte autoriser la culture à titre privé, et la vente taxée.