Qui est derrière « Jour de Colère » ? Difficile de cerner les organisateurs. Néanmoins, d’après Paul-Marie Couteaux, candidat du 6ème arrondissement de Paris pour les Municipales sous l’étiquette du Rassemblement Bleu Marine – Front National, c’est lui-même qui aurait conseillé à Béatrice Bourges, Présidente du Printemps Français, de lancer le mouvement « Jour de Colère ». Inquiétant, quand on voit qui y a assisté, mais surtout quand on entend certains des slogans scandés. Reportage.

Heureux évènement ?

Nous sommes fiers d’annoncer la naissance du « Jour de Colère », enfant légitime de Béatrice Bourges et – d’après notre interview – fruit de la liaison militante qu’elle entretient depuis plusieurs mois avec Paul-Marie Couteaux. Et c’est avec plaisir que ce dernier affirme que nombres de ses militants du CIEL, parti qu’il préside et qui fait parti du Rassemblement Bleu Marine au sein du Front National, militent également au Printemps Français, et inversement.

Même s’il faut rester vigilant avec les dires de Paul-Marie Couteaux, notamment après sa mémorable bourde dans un reportage de Canal+, notre interview du président du SIEL pourrait faire démentir les déclarations de Marine Le Pen le 30 janvier dernier au micro de France Inter.

Interview de Marine Le Pen sur Inter

 

Au-delà des circonvolutions de cadres au Front à nier ses liens entre lui et le Printemps Français/Jour de Colère, notons également le caractère hétéroclite des manifestants présents sur la Place de la Bastille, où des militants de l’extrême-droite radicale du GUD Lyon ou de feu Œuvre Française se sont joints à des Français des minorités visibles, venus pour leur part afficher fièrement leur soutien à Dieudonné.

Il semble que les ratonnades et autres slogans racistes aient fait l’objet d’une trêve pour ces militants l’histoire d’un dimanche, pour une cause commune, disons-le ainsi. Ce qui ne les empêchera pas, pour la première fois depuis bien longtemps, de scander des slogans antisémites dans les rues de Paris ce jour-là.

Ce qui est inquiétant pour l’avenir, c’est la résurgence au grand jour d’une idéologie qui n’a plus l’air de choquer, comme ce fut le cas dans les années 80, par exemple. Il semblerait que pour les autres manifestants présents et n’appartenant pas à ces groupuscules, la condamnation de ce genre de propos ne semble plus être la règle. Les digues sont elles en train de tomber ? Et comment des « jeunes de quartiers » n’aient rien à redire face à cela ? Et pire : est-ce que le « Système » ou la haine des Juifs, par affirmation ou consentement par le silence, est finalement le point d’accord entre ces deux France ?

Il ne faudrait pas oublier les artisans, petits patrons ou simples citoyens venus ce jour-là crier leur colère qui, à bien des égards, est légitime. Que doivent-ils bien penser en regardant ces images de haine? Eux, venus pour la plupart de Province, qui ont finalement assisté à un mouvement pensé et créé par une extrême-droite ?

Il n’a rien de pire que le cynisme

Et dire que la politique est cynique n’est juste qu’un pléonasme…

 

Journaliste : Jonathan Halimi
Images et Montage : Ben Meech