Mardi 16 décembre 2008, 2000 intermittents du spectacle ont manifesté devant le siège du Medef à Paris. Une…

Mardi 16 décembre 2008, 2000 intermittents du spectacle ont manifesté devant le siège du Medef à Paris.

Une nouvelle fois, comme souvent ces dernières années, leur statut, spécifique à leurs professions et unique dans le monde, est remis en cause par les partenaires sociaux, Medef en tête, qui siègent à l’Unedic.

Retour en arrière pour y voir plus clair…
Le statut d’intermittent du spectacle, s’il est critiqué par certains comme étant un privilège, garantit pourtant la vitalité et la diversité culturelle en France. Il permet à tous ceux qui travaillent dans les professions du spectacle (cinéma, télévision, théâtre, spectacle vivant), de vivre décemment malgré une alternance de périodes travaillées (ne pouvant parfois être que d’une journée) et de périodes chômées. Ces périodes travaillées, parfois très courtes, sont le principe même de l’activité culturelle.
Cette situation particulière de succession de contrats à durée déterminée, d’alternance de périodes d’emploi et de chômage, a amené les partenaires sociaux à aménager des dispositifs particuliers quant à l’accessibilité des intermittents du spectacle aux droits d’indemnité chômage (Crée en 1936, par Malraux lui-même, puis conforté par Jack Lang dans les années 80 )

Réformes
Remis en cause depuis une vingtaine d’années, les partenaires sociaux ont fini, en juin 2003, par modifier en profondeur les annexes 8 et 10 de l’assurance chômage, qui régissent le statut d’intermittents. De 507 heures de travail sur 1 an pour 1 an d’indemnisation, il faut aujourd’hui faire ces mêmes 507h sur 10 mois, pour n’être plus indemnisé que pendant 8 mois. De plus, les montants d’indemnisation ont été plafonnés, réduits d’environ 30%, et les jours de week-end non travaillés ne sont plus pris en compte. Toutes ces modifications ont profondément altéré le niveau de vie des intermittents du spectacle, pour ne pas parler de tous ceux qui, par ces changements, ont purement et simplement été « exclu » de ce principe d’indemnisation depuis 2003.

Confusion
Aujourd’hui, comme souvent sur cette question, la confusion règne sur ce que se prépare et personne n’est vraiment au courant. La rumeur enfle depuis début décembre sur la suppression pure et simple de l’annexe 8 (Qui concerne tous les intermittents « non-cadres ») pour le 1er janvier 2009, et celle à venir courant 2009 de l’annexe 10.
Renseignements pris auprès des syndicats compétents :
Des négociations sont en cours, qui devraient se terminer le 23 décembre. Elles ne concerneraient à ce jour que l’annexe 4, qui régit les intermittents du régime général. Mais il est question de négociation, début 2009, pour supprimer l’annexe 8 qui dépendrait alors de cette annexe 4.
Jusqu’à maintenant, les conditions de l’annexe 4 étaient les suivantes:
910 heures sur 2 ans pour avoir droit à 212 jours d’indemnisation, à 57% du salaire brut. En clair, cela ferait des indemnités plus grosses pour les intermittents de l’actuelle annexe 8, mais plus dures à obtenir et pour une plus courte période. Mais il paraît clair que dans le cadre de renégociations, les taux d’indemnisation devraient être revus à la baisse. Et qui plus est, une grande partie de ceux qui ont actuellement du mal à faire leurs 507 heures risqueraient tout bonnement de sortir du système.

Il paraît clair depuis longtemps que beaucoup veulent la peau des intermittents !
Pour autant, nombreux sont parmi les patrons, compagnies de théâtre et producteurs divers et variés, à vouloir préserver ce système tout à leur avantage, qui leur offre une main d’œuvre corvéable à merci, disponible et payée au jour le jour, et « virable » sans préavis ni indemnités !
Mais surtout, au-delà de ces considérations purement économiques, c’est de la diversité culturelle de notre pays dont il s’agit.

Henry Marquis

Reportage: Isabelle Desmond
http://www.loveanddolls.com/ows

Pour plus d’infos:

Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile-de-France

Collectif Télé