AVANT LE G20 DE WASHINGTON

Un évènement sans précèdent s’est déroulé lundi 3 novembre 2008 : 10 000 ONG de 82 pays se sont réunies à Paris. En prévision du sommet du G20 qui se tiendra le 15 novembre prochain, elles ont demandé à l’Europe de défendre une réforme de la gouvernance mondiale qui puisse être favorable aux pays les plus vulnérables.

Par Marie Périssé

Les 10000 ONG réunies à Paris à l’occasion du Forum international des coalitions nationales d’ONG ont, ensemble, rédigé un « message du monde à l’Union Européenne ».

Dans le contexte actuel d’une crise financière, économique, sociale, alimentaire et climatique qui touche particulièrement les pays les plus pauvres, elles ont voulu formuler plus explicitement leurs attentes vis-à-vis de l’Europe, ce dans tous les domaines : économiques, politiques, sociaux, environnementaux et culturels.

Avant tout, parce que pour elles, si, dans un proche avenir, réforme des institutions internationales (Banque Mondiale, Fonds Monétaire international…) il y a, il faut que l’Europe obtienne une participation réellement accrue des pays les moins puissants dans ces instances de gouvernance.

Gérard Karlshausen, de chez Concord (confédération européenne des ONG d’urgence et de développement) a déclaré ce jour-là : « Les ONG Européennes et celles du sud, attendent d’abord d’être écouté par l’Europe (…). Ce que nous voulons, c’est que vraiment l’Europe et les institutions arrêtent de se parler à eux-mêmes et engage une réflexion sur une cohérence d’un développement qui soit vraiment profitable à tout le monde. »

Au delà, dans leur « message du monde à l’Union Européenne », les ONG appellent l’UE à revoir l’ensemble de ses politiques commerciales, agricoles, environnementales et économiques « afin qu’elles contribuent à un véritable développement durable, au nord comme au sud, et à la lutte contre les inégalités ».

« Notre but, explique Florent Sebban, de la coordination Sud (solidarité urgence développement), responsable du programme Europe et aide publique au développement, est d’inciter l’Europe à adopter une démocratie de droit humain plus juste. » Parce que jusqu’ici, c’est Bakary Doumbia, président de la FECONG (Plate-forme des ONG du Mali), qui le souligne : « La coopération au développement européenne privilégie la lutte contre l’immigration illégale, la promotion des intérêts des entreprises européennes et la lutte contre le terrorisme, au lieu de renforcer les politiques d’éducation, de santé et d’égalité entre les hommes et les femmes. »

Les ONG exigent donc de l’Europe qu’elle se place en avocat des pays les plus pauvres sur la scène internationale et, en interne, en matière de priorité européenne.

D’ailleurs, côté hexagone, selon un sondage Ouest-France, RFI et TV5, 60 % des Français seraient favorables au fait que l’Union Européenne intègre la question de pays en développement. 60 % d’entre eux souhaitent que l’aide internationale soit maintenue, tandis que 16 % souhaitent qu’elle soit augmentée. « Nous sommes étonnés d’un tel résultat, qui prouvent que même en période de crise, les Français restent conscients des enjeux des pays pauvres ».

Marie Périssé.
Paroles d’Européens ! A l’occasion du Forum international des coalitions nationales d’ONG, les invités ont pu exposer leurs avis sur la politique européenne en la matière. Retrouvez ci-dessous, le témoignage d’Omar BA, auteur de « Soif d’ Europe », qui parle, entre autres de sa colère contre les trafiquants d’immigrants et demande à l’Europe de préserver les Droits de l’Hommes des victimes de trafic.

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