Le Pen-Mélenchon : front contre front, une « bataille homérique » dans une terre industrielle sinistrée. Mais qu’en pensent ceux qui sont le vrai enjeu de la bataille des législatives : les ouvriers ? Nous sommes allé à la rencontre des anciens de Metaleurop.


Hénin-Beaumont, au coeur de l’ancien bassin minier, fut longtemps entourée de puits à charbon, puis d’usines; les mines ont disparu, et les usines, inexorablement, ont fermé une à une.

Metaleurop en 2003, Sublistatic et Samsonite en 2007… Délocalisations et « patrons voyous » ont frappé fort dans la circonscription d’Hénin, où se présentent Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives. Ici, le taux de chômage tourne autour de 20%.

Patrons-voyous

Nous sommes allés voir les anciens de Metaleurop, un symbole de ces usines mises à bas par des « patrons voyous »,  une expression lancée par Jacques Chirac lors de la fermeture de l’usine en 2003. Celle-ci laissa 830 employés et plusieurs centaines de sous-traitants sur le carreau.

Son ancien actionnaire principal, Glencore, lui, se porte bien ; domicilié dans un paradis fiscal en Suisse, il reste un des leaders mondiaux du négoce de métaux, et a même été introduit en bourse en 2011.

Pour les anciens de Metaleurop, ce n’est pas la même histoire; certains n’ont pas été indemnisés et ceux qui ont enduré la longue ordalie des procès à répétition, entre les appels et les arrêts de la Cour de cassation, viennent à peine d’obtenir gain de cause; ils devront cependant attendre 2016 pour percevoir l’intégralité des sommes qui leur sont dues par leur ancien employeur…

Quelques-uns d’entre eux, aujourd’hui à la retraite, se retrouvent autour du projet « Metallia »,  un musée dédié au métal et à la mémoire de Metaleurop. Mais ceux qui sont encore en âge de travailler sont usés et ne croient plus trop aux promesses des politiques. De licenciement en licenciement, de CDD en contrat précaire, ils n’attendent qu’une chose, sans savoir trop de qui l’attendre : du travail !

Mélenchon, un « vrai communiste »?

Du coup, quand ils ne sont pas sceptiques vis-à-vis des « parachutés », beaucoup sont sensibles au discours de Marine Le Pen, et à la vieille équation magique du FN qui rend l’immigration responsable du chômage. D’autant que les dirigeants du PS local, au pouvoir quasiment sans interruption depuis des décennies, sont englués dans des affaires de corruption, dénoncée depuis des années par le FN local et son leader Steeve Briois, suppléant de Marine Le Pen aux législatives. Au premier tour de la présidentielle, la présidente du FN a fait 31,4% dans la circonscription, contre 14,9% pour Mélenchon.

Mais certains, reconnaissant dans les discours de l’ancien socialiste les accents des « vrais communistes » qui ont laissé le terrain au FN depuis quelques années, reprennent espoir.

Emmanuel Guillemain d’Echon
Image: Clément Montfort et Flore Viénot
Montage : Etienne Broquet

Crédit musique : Wson, Qalaquri, Kelaptari, Nol’.