« One woman show » à l’américaine. Prêche de « télévangéliste ». Nouveau look « pipolitique ». Les…

« One woman show » à l’américaine. Prêche de « télévangéliste ». Nouveau look « pipolitique ». Les critiques ont fusé à l’issu de la manifestation de Ségolène Royal samedi 27 septembre au Zénith de Paris.

Des critiques à la mesure du nouveau style de l’ancienne candidate à la présidentielle. A quelques semaines du Congrès de Reims où sera choisi le successeur de François Hollande à la tête du PS, Ségolène Royal a rassemblé ses troupes et partisans pour, dit-elle, une prochaine victoire « sans triomphalisme ».

Les militants attendaient un remake de Charlety 2007. Ils étaient en fait 10 fois moins nombreux samedi soir au Zénith de Paris.

Venus de diverses régions, l’Auvergne, le Nord-Pas-de-Calais, et même de Marie-Galante, ils ont à peine évoqué les querelles persistantes au sein du PS. Militants du parti de la rose et/ou de Désirs d’avenir ou simples sympathisants de gauche, ils récusent les termes de « supporters » ou de « disciples ». Sourire aux lèvres, ils préfèrent parler de « fête », de « rassemblement », d’« amour ». Les fidèles ont recyclé les drapeaux, banderoles et autres Tee-shirts de la campagne présidentielle. Avec un mot d’ordre : la « fraternité ». Et pour une chose : pouvoir acclamer leur idole.

Ségolène Royal a troqué le stade contre la salle de concert pour remercier les artisans de la campagne présidentielle. Mais elle a utilisé les mêmes recettes que celles mijotées dans la marmite du stade Charléty. « De tout temps, le chant a porté la révolte », a soutenu la candidate socialiste lors de son discours. Les militants ont donc partagé un moment inédit de la scène politique. Un meeting-spectacle, mêlant politique et musique, politique et théâtre, politique et court-métrage.

Le concert était gratuit, les sympathisants étant invités à participer « chacun selon ses moyens » à couvrir le budget de la manifestation estimé à 25 000 euros. Un coût pris en charge par l’association Désirs d’avenir et soutenu par des dons. Le parti socialiste a seulement offert le service d’ordre.
Côté coulisses, il y avait les artistes, Cali, Benjamin Biolay, Hervé Vilard, Neg’Marrons, Trust, Da Silva, ou Ariane Mnouchkine et la garde rapprochée de la présidente du Poitou-Charentes, Vincent Peillon, Jean-Pierre Mignard, Jean-Louis Bianco et David Assouline. Invités à participer au « rassemblement pour la fraternité ».

Jean-Louis Bianco : « Elle a trouvé cette liberté de ton et d’allure qu’elle a cherchée pendant la campagne »

Les ténors du PS ont brillé par leur absence. Ils n’ont pas écouté le discours de 45 minutes, mené à l’aide de deux prompteurs (vitres sur lesquelles est projeté le texte), à la manière d’un « stand-up ». Un discours que Ségolène Royal a voulu politique mais était très éloigné des traditionnels meetings socialistes. Elle n’a porté aucune attaque directe contre la droite ni contre Nicolas Sarkozy. Elle a choisi de toucher la corde sensible. Le 1e mai 2007, la candidate socialiste à l’élection présidentielle exhortait déjà ses partisans à plus de « fraternité ». Un mot d’ordre martelé ce 27 septembre devant les 4000 personnes réunis au Zénith.

Ségolène Royal s’est posé en victime des « gentils coups bas », des« tendres attaques », des « doux cambriolages », et autres « amicales pressions ». Est revenue longuement sur les « épreuves personnelles » qu’elle a traversées. Et retenu une leçon : « il faut savoir perdre sans amertume pour pouvoir gagner sans triomphalisme ». Un message d’espoir pour ses partisans en liesse. Un message pour ses opposants qui n’ont pas manqué de réagir dès le lendemain.

Show-business ou secte ?
Le concert a suscité l’ironie au sein du PS. Florilège. « Je pense que la politique n’est pas un show. J’ai envie de dire à Ségolène qu’elle est sur le mauvais chemin. La fois prochaine, on aura en plus un morceau de chorégraphie », s’est exclamé sur Radio J le député et ancien président PS de l’Assemblée Henri Emmanuelli. Il estime que le concert organisé par la socialiste « est entre le show-business et le rassemblement de secte ». Pour la maire de Lille, Martine Aubry, c’est « chacun son style ». Alors que Bertrand Delanoë, maire de Paris, juge qu’il est « quelqu’un de naturel, qui ne se met pas en scène ».
Cette semaine, Ségolène Royal a confirmé que le fait de mélanger politique et événement culturel est « un choix ». « On peut dire des choses graves dans un contexte fraternel », a-t-elle ajouté, évoquant la Fête de l’Humanité où « il y a des spectacles et des discours politiques » et « personne ne trouve rien à redire ». Elle a prévenu : « ceux qui sont surpris » vont devoir « s’habituer, parce que ça va continuer! ».

Kelly Pujar
Marie Périssé
François Godard
Lucile Latout

Si vous voulez tout voir et entendre, voici l’intégrale du Zénith, filmée par les organisateurs.
Une caméra Louma (sur bras articulé) permet des travelling lissés et aériens, seul sarkozy l’avait utilisé pendant la campagne 2007. Ces images officielles ont été fournies gratuitement aux télévisions.


La même chose, mais filmé par une seule caméra. Un fan de Ségo, mais amateur. Une vision plus juste, car moins réalisée, donc plus proche de l’impression personnelle:

PARTIE 2:


Si vous êtes un vrai fan, ou si vous avez le temps, voici en bonus, le meeting de Charlety, quelques jours avant la défaite du deuxième tour…
[vpod.tv/latelelibre/188116]