Conversation 6 : la radicalisation de la société tunisenne Hafidha Chekir – Association tunisienne des femmes démocrates – Tunisie

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Des femmes témoignent. Elles vivent et militent en Syrie, en Jordanie, en Egypte, au Yémen, en Tunisie, au Maroc ou dans d’autres pays encore et elles font le point, avec Caroline Libbrecht, sur l’état des droits-des-femmes dans leurs pays respectifs.

Alors que les pays arabes forment une région riche de par son potentiel et ses ressources, ils se placent parmi les pays les moins avancés pour ce qui a trait à l’égalité entre les femmes et les hommes.

En juin 2006, des représentants et représentantes d’organisations non gouvernementales des droits des femmes et de droits humains ont lancé une campagne régionale pour « l’égalité sans réserve » dans tous les pays arabes. L’objectif : amener les Etats à lever toutes les réserves qu’ils ont émises lors de leur ratification de la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDAW) et à ratifier son Protocole facultatif. Ici, témoignages des défenseures de la région sur leur combat pour l’égalité.

Hafidha Chekir – Association tunisienne des femmes démocrates – Tunisie

Professeur de droit à l’Université de Tunis depuis plus de 30 ans, auteur de nombreux ouvrages sur la question des droits des femmes en Tunisie, Hafidha Chekir est une fervente militante des droits humains et l’une des fondatrices de l’ATFD, crée en 1989. En 2000, son livre « les droits des femmes entre les textes et les résistances » est retiré de la vente par les autorités, six mois après sa sortie en librairie.

L’ATFD, une des rares associations indépendantes en Tunisie, se bat dans des conditions d’étouffement politique pour préserver son indépendance et garantir une égalité totale et effective entre les sexes. L’association attend depuis 2004, l’autorisation de publier un livre intitulé « la violence envers les femmes ».

Si la Tunisie est souvent considérée comme pionnière en matière de droits des femmes dans la région, les discriminations persistent néanmoins et Hafidha Chekir les dénonce. L’autorité des maris reste prédominante dans la famille, ils détiennent le monopole du pouvoir en leur qualité de chef de famille, le nom de la famille reste le leur, le domicile conjugal leur revenant. La nationalité des enfants est celle du père sauf s’il consent à ce que sa femme donne sa nationalité ou en cas de décès. Enfin, les femmes ne peuvent bénéficier de l’égalité successorale, au nom d’une règle religieuse introduite dans le Code de Statut Personnel qui ne reconnaît aux femmes que la moitié de la part des hommes.
Caroline Libbrecht

Plus d’informations sur la campagne régionale pour l’Egalité sans réserve : www.cedaw.wordpress.com
Signez l’appel pour l’Egalité sans réserve : www.rabatcall.epetitions.net