Ségolène Royal est désormais candidate officielle au poste de premier secrétaire du PS. Ce mardi 20 mai, retour…

Ségolène Royal est désormais candidate officielle au poste de premier secrétaire du PS. Ce mardi 20 mai, retour en scène : journée Lorraine, consacrée à l’avenir de la sidérurgie. Placée sous le signe du «respect de la parole tenue ». Entre autres à Gandrange, l’endroit même où, selon elle, Sarkozy a échoué, malgré les promesses…

Gandrange est devenu un lieu hautement symbolique, depuis les promesses du Président Sarkozy aux salariés de l’usine ArcelorMittal, touchés par un plan social concernant 595 des 1.100 d’entre eux et la fermeture de l’aciérie électrique, et du train à billettes.

Un lieu où ceux qui, de près ou de loin, veulent postuler au leadership de l’opposition, viennent et reviennent. Pour enfoncer le clou sur les promesses non tenues d’un Président Sarkozy qui, entretenant de faux espoirs chez les métallos, n’a finalement pu que se retourner sur un aveu d’impuissance quasi totale. Et la seule réaffirmation de la nécessité impérative pour les Français de bien vouloir s’adapter à l’économie mondialisée…

Ce jour, Ségolène Royal apprend qu’elle n’est pas seule à rendre visite à ceux à qui elle avait « promis qu’elle reviendrait », Olivier Besencenot sera de la partie aussi.

Visiblement, dès le matin, pour le staff socialiste local chargé de l’organisation de la journée, il faut revoir le planning du jour. D’abord, parce que, contrairement à ce qui était annoncé, elle ne sera pas reçue par la direction ArcelorMittal de Florange, pour cause de grève à Gandrange. En effet, ce jour à Gandrange, les salariés sont divisés, et une grève CGT a posé, depuis une semaine, le piquet devant l’usine. Sans que les CGTistes soient suivis en cela par les autres syndicats, CFDT et CFE/CGC. Et puis, pour le staff, visiblement il ne faut pas se retrouver, aux 20 heures, avec des images non désirées de Ségo et du Besancenot, le postier de la gauche extrême, autour du blocus à l’entrée du site, en train de manger la merguez ensemble…

Visitant les divers syndicats, Ségolène Royal s’essaye à poser les jalons d’un discours propre sur la mondialisation

Pour elle, il n’y a pas de fatalité à la désindustrialisation, et c’est en partie pourquoi le déplacement du jour commence par la visite d’une usine « qui marche », l’usine CORUS RAIL à Nilvange, du groupe sidérurgique indien TATA. Réaffirmant là dessus son souci, constant, de montrer aussi la France qui réussit, la mondialisation qui réussit. De dénoncer le défaitisme et l’impuissance ambiante.
Au passage, elle pointe la « loi du silence » concernant la sous-traitance, victime oubliée d’une délocalisation qu’elle qualifie de « délocalisation de confort ». Elle se redit choquée par la démarche du n°1 mondial de l’acier, Mittal, bénéficiant d’un marché en forte croissance, tandis qu’elle remet sur la table sa proposition de campagne : un tel groupe devrait rembourser les subventions publiques dont elle a bénéficié.

Et puis, Madame Royal dit et redit que l’on doit cesser de fouler au pied l’expertise syndicale, et au contraire s’appuyer dessus, en particulier quand celle-ci s’érige en lanceur d’alerte, où quand elle propose des solutions industrielles alternatives. Enfin, en fin de journée, avec ses collègues élus locaux ou députés du coin, elle annonce que sera proposé un « amendement Gandrange » à la loi de modernisation de l’économie bientôt d’actualité à l’Assemblée Nationale.

En fond de décor, c’est pourtant bien la « guerre des chef » au PS qui se profile…

En off, dans le train, elle se confie : « je ne suis pas dans le combat, je suis dans l’engagement », je veux défendre « ma vérité », mon « authenticité », et il « n’y a pas de tactique ici », même si, elle l’avoue, « je suis contente d’avoir pris cette décision » et « c’est le contraire qui aurait été un événement ». Et puis, ce n’est pas commencé, la « vraie campagne » pour le PS s’ouvrira réellement en septembre, octobre.

Au passage pourtant, elle souligne que, très attaquée sur sa démarche « participative », elle ne laissera personne vouloir « zapper l’héritage de la campagne de 2007 ». Sûre de ce qu’avec elle, les lignes politiques ont bougé, elle affirme vouloir « intégrer au patrimoine socialiste les acquis de 2007 ».

Pourtant, personne n’est dupe – stratégie de communication et de positionnement politique il y a.

Car le contexte est là, 6 mois avant le Congrès du PS, le duel médiatique et politique annoncé depuis des mois est sur le point de commencer : le bouquin de Delanoé sort le jeudi en librairie et Ségolène elle, s’est déclarée postulante pour la succession de François Hollande à la tête du PS, le vendredi précédent, un soir de « réunion participative » .

Alors, Ségolène Royal, extrêmement contestée dans son camp, serait –elle sur le point de consacrer son renversement de positionnement ? En venant se placer du côté gauche de l’échiquier socialiste, et mettre sa conquête du 1er secrétariat sous le signe de la reconquête des classes populaires, du côté de l’héritage marxiste et du discours fondé sur l’opposition des classes sociales… Là où pendant l’élection présidentielle 2007 elle s’était volontiers laissée identifiée à une aile droite du parti… Ce faisant, ce type de déplacement médiatisé lui permet de faire d’une pierre deux coups, dans la perspective d’un duel, dire Delanoé à part l’hôtel de ville parisien, il ne connaît ni les territoires, ni les français, d’autre part, le social, c’est pas son truc, c’est le mien… Et puis, d’oublier un peu les concept de campagne comme l' »ordre juste » et autres thématiques mal ciblées…

Le soir même, après le départ des stars de la politique, les grévistes de Gandrange se déclarent prêts à une reprise du travail, après d’ultimes négociations autour du plan social, qu’ils voulaient de meilleure qualité, et pas seulement minimal… La CGT indiquant que « 63% du personnel » s’étaient prononcés pour reprendre, à la condition que « la direction négocie avec le syndicat ».

Karine Yaniv

Caméra : Aurélie Lavillonnière

Montage : Anthony Santhoro