6 mai 2007-6 mai 2008. Un an a passé depuis le sacre de Nicolas Sarkozy. A l’heure du…

6 mai 2007-6 mai 2008. Un an a passé depuis le sacre de Nicolas Sarkozy. A l’heure du bilan et de l’anniversaire, François Fillon, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Nadine Morano et autres grands noms de l’UMP ont invité les nouveaux adhérents du parti à célébrer l’an 1 de l’ère Sarkozy. Histoire de rappeler qu’ensemble, il est encore possible de dire que tout va bien…

C’était il y a un an. Et c’est déjà bien, bien loin… Le 6 mai 2007, à 20h précises, le visage de Nicolas Sarkozy apparaît sur tous les écrans de télé français. Le sourire jusqu’aux oreilles, il prononce son tout premier discours dans l’antre de la salle Gaveau, devenue, le temps de la campagne, une sorte de quartier général. Des milliers d’adhérents sont présents pour célébrer sa victoire, celle d’un homme et celle d’un parti, l’UMP. Douze mois plus tard, le sourire n’est plus là. Nicolas Sarkozy non plus d’ailleurs.

Le parcours de santé des débuts est en effet vite devenu un parcours semé d’embûches. Des embûches ou plutôt des pièges que le président s’est, à vrai dire, lui-même tendus : hyper-médiatisation de sa vie privée, promesse non tenue sur le pouvoir d’achat, guéguerres intestines au sein de son parti, etc. Voilà, sans doute, les raisons pour lesquelles, à l’heure de célébrer sa première année au pouvoir, Nicolas Sarkozy n’a pas daigné pousser les portes de la salle Gaveau où, mardi 6 mai dernier, près de 2000 adhérents s’étaient réunis pour commémorer son sacre.

Parti réuni, président désuni

Le président absent, restent les militants. Toujours motivés, toujours convaincus qu’il est l’homme de la situation, celui qui fera bouger la France et les Français – surtout ceux qui se lèvent plus tard que la moyenne. Restent donc les militants… Les nouveaux militants plutôt. Ceux qui, mardi 6 mai dernier, sont venus en nombre – ils étaient près de 2000 – fêter la victoire et la première année d’exercice de leur leader chéri. Et assister aux discours parfois fleuve et souvent suffisants des pontes de l’UMP. Tour à tour, Patrick Devedjan, Xavier Darcos, Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand et François Fillon ont rendu hommage à celui par qui la victoire est venue. Sans l’ombre, jamais, d’une critique ou d’un regret. Ça change…

Ça change, en effet. Après des semaines de couacs et de luttes fratricides, d’aucuns semblent vouloir renouer avec la sérénité. Invités, quelques heures auparavant, de l’émission télévisée interne à l’UMP, « Réforme Hebdo », chaque membre du gouvernement y va de sa petite phrase gentille pour le président. Réunis sur la scène de la salle Gaveau, chacun affiche un grand sourire. Celui de la satisfaction du travail bien fait après une année d’exercice. Celui qui balaie d’un revers de la main les pataquès sur le pouvoir d’achat, le paquet fiscal, etc. Comme s’il fallait montrer l’image d’un parti désormais uni, ou faussement réuni, derrière un président désuni. Un président qui peine à redorer son image depuis quelques mois. Un président qui ne viendra même pas souffler sa première bougie.

La fête est finie pour Sarkozy

Opération de communication ? Bien sûr. Pour l’image, pas de doute, mieux vaut être dans le Gard à parler de l’emploi des seniors que rue de la Boétie à trinquer à une victoire déjà si lointaine… La fête est finie. Du moins pour le président. Opération à risque ? Peut-être. Sans doute. Aujourd’hui, seuls les militants UMP l’ovationnent encore. Et, aujourd’hui, ce sont eux « les acteurs du changement ». A l’UMP, tous s’accordent à le dire : François Fillon, Xavier Bertrand, Patrick Devedjan, etc. Et Sarkozy alors ? N’a-t-il plus les cartes en main pour mener à bien – et seul, tel qu’il l’avait presque fait jusque là – le changement dont la France a tant besoin ? Personne ne dit cela… Personne ne dit le contraire non plus.

Ce que l’on dit, en revanche, ce que l’on expose à l’envi, c’est un sentiment d’autosatisfaction. Xavier Bertrand a été entendu, lui qui exhortait, il y a peu, ses collègues de stopper là l’autoflagellation. Sarkozy a fait, Sarkozy a agi et Sarkozy promet de continuer ainsi. Les militants en étaient persuadés hier et le sont, semble-t-il, encore aujourd’hui. Les membres du gouvernement ne l’étaient pas tous hier… Mais, étrangement, lors de ce goûter d’anniversaire, les voix divergentes sont rentrées dans le rang. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour un anniversaire…

Aurélie Piel

Caméra et montage : Joseph Haley