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TÉMOIGNAGES

Depuis quelques jours, la Cimade est montée en première ligne pour réclamer la régularisation des sans-papiers qui travaillent dans des domaines « en pénurie de main-d’œuvre » tel que défini par la loi sur l’immigration. C’est avant ce coup d’éclat médiatique que nos correspondants à Perpignan ont rencontré une bénévole et une salariée de l’association, Nicole Matthieu et Johanna Reyer : elles leur ont parlé de leur quotidien et de leur appréhension de la politique du chiffre menée par la Préfecture, pour répondre aux exigences du Ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire de M. Brice Hortefeux.

Perpignan mercredi après midi, dans les locaux exigus et sombres de la Cimade, des étrangers se posent quelques minutes dans de vieux fauteuils récupérés. Ils se côtoient, ils ne s’observent pas, ils ne s’interrogent pas : ils connaissent tous l’histoire de chacun. Tchétchènes, Roms, Marocains, Maliens, ils ont tous la même obligation de s’arc-bouter pour vivre dans un pays qui les accueille comme à regret.
Ici, on les écoute, on les conseille, on les rassure, on les embrasse.
Et pendant quelques dizaines de minutes, ils se sont détendus un peu dans ce petit bout de chez-eux.
Ici les bénévoles et les salariés de la Cimade décryptent pour eux les exigences de l’administration parce qu’on est dans un pays de droit et que le droit il faut le comprendre.
Pourtant on frôle l’incompréhensible quand Johanna nous explique comment la police arrête à la frontière des étrangers qui sortent de France pour les enfermer dans les centres de rétention et …les expulser.
Faire du chiffre à n’importe prix, jusqu’à l’absurde.
Récemment, deux Roms d’origine bosniaque, dont le père d’une famille de quatre enfants, tous nés en France, viennent d’être expulsés. Sa femme est sans logement depuis septembre 2007 date à laquelle la famille est arrivée ici. Deux de ses enfants sont mineurs. La Cimade et le Réseau Education Sans Frontières tentent d’alerter l’opinion dans les médias locaux.

Un reportage de nos correspondants à Perpignan

Agnès Petit-Gilles et Christophe Petit.