Aimé Césaire est mort. Nous cédons au plaisir, un peu de poésie n’est pas coutume, voici quelques extraits du célèbre long poème, à la base de toute la pensée anticolonialiste,

Cahier d’un retour au pays natal, 1939 :

ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour
ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’oeil mort de la terre
ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle trouve l’accablement opaque de sa droite patience.

Eia pour le Kaïlcédrat royal !
Eia pour ceux qui n’ont jamais rien inventé
pour ceux qui n’ont jamais rien exploré
pour ceux qui n’ont jamais rien dompté
mais ils s’abandonnent, saisis, à l’essence de toute chose
ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose
insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
(…)
Ecoutez le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d’acier bleu transperçant la chair mystique
écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !

(…)

Les obsèques nationales d’Aimé Césaire seront célébrées ce dimanche 20 Avril 2008 au soir à Fort-de-France. Pour info pour les parisiens, la Ville de Paris retransmettra la cérémonie des obsèques du poète sur le Parvis de l’Hôtel de Ville à 20h30.