A l’heure où l’Elysée est sur le point d’annoncer sa révision générale des politiques publiques (RGPP), le collectif « Ni pauvre, Ni soumis » poursuit sa bataille pour la création d’un « revenu d’existence décent ». En guise de réponse aux 30 000 personnes présentes dans les rues de Paris samedi dernier, le gouvernement se contente de repousser une nouvelle fois les échéances.

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« Ce samedi 29 mars restera un jour historique » clamait Jean-Marie Barbier place de l’Opéra aux malades et handicapés qui s’étaient déplacés en masse le week-end dernier. 13 trains, 5 avions affrétés spécialement pour l’occasion ont permis aux 83 associations de France que rassemble le collectif Ni pauvre, Ni soumis de venir faire entendre leur colère.

Babillages Elyséens

Lors de son déplacement à Tarbes mardi 25 mars, Nicolas Sarkozy annonçait le lancement d’un « pacte national pour l’emploi des personnes handicapées » ainsi que la revalorisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), promis lors de sa campagne électorale en 2007.

Outre la mise en place d’un dispositif d’accès à l’emploi, le président s’était engagé à l’époque à revaloriser l’AAH de 25 % sur cinq ans.
Si cette même allocation s’élève à 628,10 euros depuis la revalorisation de 1,1% du 1er janvier 2008 (à savoir 6,83 euros en plus par mois), Nicolas Sarkozy affirmait la semaine dernière l’augmentation imminente de l’AAH de 5%, correspondant à une hausse totale de l’ordre de 31 euros par mois.

Une « aumône méprisante » selon Ni pauvre, Ni soumis tant par son montant, que par le fait qu’elle exclut toutes les personnes sous le seuil de pauvreté vivant avec des pensions d’invalidité ou des rentes accident du travail.

Le collectif réclame encore aujourd’hui une « mesure d’urgence » à mettre en place dès les prochaines semaines.

Pour un « revenu d’existence décent »

« Rappelez-moi de combien le salaire de Nicolas Sarkozy a été augmenté l’année dernière? 150%? Un handicapé ou un malade du sida ne mériterait alors que 5%? »

D’Act-up à l’APF (Association des Paralysés de France), la revendication est la même: la création d’urgence d’un « revenu d’existence décent » équivalent au SMIC pour les personnes malades ou handicapés qui ne peuvent pas ou plus travailler. « Il faut qu’on arrive au SMIC brut et que les gens cotisent. C’est un choix de société » explique Emmanuel Gustalot de l’APF de l’Hérault.

Olivier Besancenot, présent lors de la manifestation, dénonce un système à double peine pointant du doigt une augmentation de l’AAH plus faible que l’inflation. La question des franchises médicales reste bien-sûr le terreau des indignations. « Pour ces gens en situation de handicap qui ne peuvent pas travailler, il s’agit de vivre, pas de survivre ».

Dialogue stérile

Jean-Marie Barbier, président de l’Association des Paralysés de France, faisait déjà entendre sa voix la semaine dernière sur France Info quant à la surdité du gouvernement. Il affirmait que depuis mai 2007, la ministre de la Santé lui aurait accordé neuf rendez-vous avant de les annuler à la dernière minute.

Le président de l’APF rencontrait hier mercredi 2 avril Xavier Bertrand et Valérie Létard avec la ferme intention d’imposer ses revendications. La rencontre n’aurait malheureusement rien donné. « Le ministre n’as cessé de renvoyer nos revendications à la conférence du handicap qui se tiendra le 10 juin. » Le collectif, qui se réunissait hier après-midi, prévoit des actions régionales et nationales jusqu’à obtention du revenu d’existence.

« Pour Nicolas Sarkozy, l’augmentation annoncée constitue un « ‘effort très important compte tenu de la situation budgétaire du pays. »

Hier, pourtant, Le Monde annonçait le plan de « révision générale des politiques publiques » du gouvernement qui devrait faire état, demain dans la journée, des détails budgétaires. 100 milliards d’euros d’économie seraient faits sur les dépenses de solidarité.

De quoi réveiller l’esprit de mai…

Morgann Martin