Après la sortie théâtrale d’Isabelle Balkany, voici l’intégrale du reportage de LaTéléLibre Matinée explosive, au Conseil Général des…

Après la sortie théâtrale d’Isabelle Balkany, voici l’intégrale du reportage de LaTéléLibre

Matinée explosive, au Conseil Général des Hauts-de-Seine – vers 13h, la guéguerre pour le contrôle du département le plus riche de France (qui au matin semblait maîtrisée) vire au psychodrame aigüe : Isabelle Balkany, toute en théatralité, annonce qu’elle démissionne du groupe UMP et traite Devedjian de Mao Zedong… En dénonçant des méthodes « soviétiques » ! Quelques heures plus tard, elle reviendra au bercail ! Jean Sarkozy, le plus jeune conseiller général de France vivait ce jour-là son baptême d’entrée en politique.

Ce jeudi matin, vers 11h Patrick Devedjian était réélu à la Présidence de l’Assemblée départementale du 92. A ce moment-là, Isabelle Balkany vote pour lui. Les apparences sont sauves.

En réalité, la guéguerre des longs couteaux entre les Balkany et le secrétaire général de l’UMP avait éclaté au grand jour dès l’entre deux tours : Patrick Balkany ayant multiplié sans équivoque les critiques à l’encontre de la stratégie de Devedjian à la tête de l’UMP, tandis qu’on croyait voir mûrir chez son illustre épouse le désir assez ardent de… tenter de prendre le fauteuil de Patrick Devedjian, en se présentant à la Présidence du département face à lui, ou celui, encore plus simple, de s’en débarrasser…

Pas de pugilat donc, ce jeudi matin, la fronde est mise en veilleuse, les luttes de pouvoir se sont assourdies, intervention de l’Elysée oblige : la « Majorité départementale » (30 sièges sur 45) vote comme un seul homme, à l’unanimité. Pour le seul candidat qu’elle s’est finalement donnée, « l’Arménien le plus élégant du département » selon le mot du doyen d’âge du jour, Charles Ceccaldi-Raynault, par ailleurs, un poème à lui tout seul.

Et puis la vraie histoire, ce jeudi, à l’Hôtel du département du « royaume des Hauts-de-Seine », est autre, c’est celle de Jean, 21 ans, le plus jeune conseiller général de France, Jean Sarkozy, bien déterminé à aller vite, dans sa quête d’un prénom à lui tout seul.

Ce matin là, on le sent bien, la star : c’est lui ! De très nombreux journalistes sont présents, attirés par l’ambiance de Dallas rampant et, bien évidemment, par cette présence du Fils. Isabelle en est la marraine, elle semble le couver, même à distance, tout du long de lajournée. La prestance, tout de suite, on le voit, le grand jeune homme blond l’a, et puis il semble déjà bien savoir faire, avec les flashs, les caméras… Pour l’opposition, un brin amusée, un brin agacée, c’est un non-événement, mais cela saute aux yeux, il est ici chez lui, un peu comme l’enfant-roi. Parce que les Hauts-de-Seine, c’est peut-être avant tout cela, une histoire de famille.

A un moment, dans l’Hémicycle où règne une atmosphère tout de même tendue, avec des jeux de regards, des vibrations de combat, nous croyons entendre le Président Devedjian déclarer, du fond de son fauteuil de Président réélu dans la douleur, que ce département, le plus riche de France (1,7 milliards d’euros de budget), « se doit d’être exemplaire ».

Seulement voilà, un peu plus d’une heure après la réélection, alors que le groupe UMP s’est retiré à huis clos au cours d’une longue suspension de séance, l’épouse du maire de Levallois (et ex vice-présidente du département) claque la porte, déboule et explose. Coup de théâtre : Mme Balkany annonce avec grand fracas qu’elle quitte le groupe UMP. Et qu’elle siègera comme « non-inscrite ». « J’ai été punie pour ma liberté de propos ». Au passage elle compare Devedjian à… Mao Zedong et explique qu’il voulait qu’elle fasse « une sorte d’autocritique publique » … En plein début d’anniversaire de 68, ça fonctionne ! La convocation de l’imaginaire collectif : grands procès de Moscou et pratiques des gardes rouges de la grande époque, révolution culturelle de la Chine Populaire à la clef…

Le grand théâtre d’Isabelle Balkany étant ce qu’il est, nous apprenons depuis qu’un peu plus tard, dans l’après-midi (visiblement après un appel de l’Élysée), l’élue annonce qu’elle réintègre le groupe : “Nous nous sommes mis d’accord”, ont alors déclaré tour à tour devant des journalistes M. Devedjian et Mme Balkany…
Jean Sarkozy aura donc eu un baptême du feu très édifiant ce jour, avec, en direct, une vraie – et belle – leçon de “politique”. Au sens noble du terme ?

Karine Yaniv

Image : Joseph Haley
Montage : Bertrand Basset