En plein cœur des municipales, le dossier sur l’euthanasie refait surface avec le cas de Chantal Sébire. Mercredi dernier, cette mère de famille de 52 ans, atteinte d’une maladie incurable et irréversible qui lui défigure le visage, a demandé à la justice d’être aidée afin de mourir dans la dignité.

Le 14/03/08

Face aux appels de détresse devant les médias de cette femme, et de sa lettre envoyée à Nicolas Sarkozy, le gouvernement se devait de réagir.

Le chef de l’Etat s’est dit « très touché » par sa souffrance. Par l’intermédiaire du porte-parole de l’Elysée David Martinon, il lui a donc proposé qu’un nouvel avis soit donné sur son cas par un collège de professeurs d’université du plus haut niveau. Nicolas Sarkozy a néanmoins précisé qu’il n’entendait pas pour autant modifier la législation.

Cette requête est une grande première pour le monde judiciaire français. Mais devant cette demande exceptionnelle mais néanmoins légitime lors de l’audience en référé mercredi devant le président du Tribunal de Grande Instance, le procureur de la République de Dijon a tout de même requis l’irrecevabilité de la requête en l’état actuel de la loi des droits des malades et de la fin de vie. Le jugement a été mis en délibéré au lundi 17 mars.

La loi Léonétti

La loi Léonetti du 22 avril 2005 sur les droits des malades en fin de vie, reconnaît le refus et l’interruption de tout traitement, c’est-à-dire l’instauration d’un droit au laisser mourir, mais interdit aux médecins d’aider les malades à mourir par euthanasie, contrairement à d’autres pays d’Europe comme la Belgique, la Suisse et les Pays-Bas.
L’auteur de la loi, le député UMP Jean Léonetti, estime que la demande formulée par Chantal Sébire, n’entre pas dans le cadre de la loi : « C’est une demande de suicide assisté, pas une demande d’accompagnement de fin de vie ».

Les réactions divergent au sein du gouvernement

Les membres du gouvernement ont réagi en nombre face à la requête de Chantal Sébire. Mais la prudence est de mise au sommet du gouvernement.
François Fillon a estimé « qu’il était difficile de répondre à la demande d’euthanasie de Chantal Sébire, mais que si la justice répond négativement à sa demande, la solution qui lui a été proposée, c’est-à-dire le placement dans le coma, est une solution acceptable».
Nicolas Sarkozy préfère quant à lui qu’un avis d’expert de la santé du plus haut niveau soit donné sur ce cas.
De son côté, la garde des Sceaux Rachida Dati, s’est déclarée hostile à un changement de la loi sur l’euthanasie, estimant que « cette demande est contraire à notre droit, et que la médecine n’est pas là pour administrer des substances létales».
Portée par ses convictions religieuses, Christine Boutin la ministre du logement s’est indignée de l’instrumentalisation de la détresse de cette femme pour faire légaliser l’euthanasie. « Si l’on fait sauter le verrou de donner le droit de donner la mort, nous allons vers une société barbare. »
En clair, la législation de l’euthanasie en France n’est pas encore prête de se faire.

Caroline Genestier