Le traditionnel défilé en l’honneur de Jeanne d’Arc a donné un aperçu du nouveau visage que veut montrer le FN. Celui d’une jeune garde relookée en « bleu Marine », comme pour mieux cacher l’image embarrassante des skinheads, dont certains jeunes FN ont une connaissance très floue!..

Marketing politique

Où sont passés les phalanges d’anciens combattants qui défilaient le long de la rue de Rivoli à la gloire de Jeanne d’Arc ? Avec le temps, les rangs des anciens combattants se sont clairsemés, mais surtout, leur chef de file, Roger Holeindre, un des piliers du FN depuis sa création en 1972 a claqué la porte, après le congrès de Tours. Jeanne d’Arc, elle aussi, a failli ne pas être invitée à sa propre commémoration. A la surprise générale, « Sainte Jeanne » était absente de la première affiche du 1er mai. Devant la bronca des tradis, Marine Le Pen s’est dépêchée de rectifier le tir avec une deuxième affiche plus conventionnelle.

Mais quelque chose nous dit que les temps ont changé au FN. Ce 1er mai a donné l’occasion de préciser le relooking des troupes. Au pied des marches de l’opéra Garnier, des jeunes bénévoles, ceints de t-shirts aux couleurs bleu marine, distribuent drapeaux et t-shirts floqués du slogan « France, Bleu, Marine ». En choeur, ils chantent à tue-tête leurs louanges à destination de leur égérie « Marine présidente », « France, Marine, Liberté ». Et crient leur besoin de « révolution ».

Cachez les skinheads !

En marge du rassemblement, quelques crânes rasés sont discrètement mis à l’écart par les services de sécurité. La présidente du FN en avait décidé ainsi en diffusant une circulaire interne auprès des secrétaires départementaux pour empêcher d’emmener dans leurs bagages « des personnes habillées en tenues folkloriques (treillis-rangers ou autres skinheads). » Les skins les plus conciliants acceptent d’enfiler un t-shirt pour se fondre dans la masse. Au FN, on pense que l’habit peut faire le moine.

Le FN version 2011 est donc plus soft. Fini les écarts de conduite, on en restera aux écarts verbaux. Ça, c’est le job de Marine. A la tribune, dans un discours habillée d’une couche de sociale, elle enjoint ses partisans à recouvrir « la liberté » et leur promet de les « libérer de leurs chaînes » pour recouvrer « la liberté perdue ». Les ennemis de cette liberté sont comme d’habitude les journalistes, vecteurs de la « pensée unique », affirme-t-elle. Un refrain repris par quelques manifestants, qui n’ont pas hésité à nous traiter de « collabo ». Est-ce si étonnant quand on sait que Marine Le Pen entend incarner « la France Libre »?

Laurent Galinon
Image: Vivien Chareyre
Montage : Laurent et Vivien

Article initialement posté le 05 mai 2011