Le Technocentre de Renault est de nouveau endeuillé. Un salarié d’une société prestataire du site industriel à Guyancourt en région parisienne, s’est suicidé le mois dernier à son domicile, a-t-on appris mardi 11 mars. Pratiquement au même moment, Xavier Bertrand, le ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité recevait un rapport sur le stress au travail.

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dessin : Émilie Sandoval

Depuis septembre 2006, trois autres salariés du site qui regroupe 11 000 employés, ont mis fin à leurs jours sur leur lieu de travail. Selon le quotidien économique La Tribune, « l’employé était surmené ». L’homme travaillait depuis plusieurs années sur le site de Guyancourt, et n’était pas employé de Renault, mais d’Assystem, un sous-traitant.

Ce quatrième suicide suscite une vive émotion au sein de l’entreprise.

Il relance la polémique sur les conditions de travail. Le premier cas avait été classé en accident du travail par la Caisse primaire d’assurance maladie des Hauts-de-Seine. Selon Eric Neveu, représentant CGT au Technocentre de Renault, dix tentatives de suicides et sept décès ont été révélés depuis 2005, en plus des cas médiatisés.

Selon une enquête du cabinet d’expertise Technologia remise à la direction de l’entreprise en janvier 2008, 30 % des ingénieurs et cadres du Technocentre sont sous tension.
Afin d’améliorer les conditions de travail, le groupe Renault a mis en place une nouvelle organisation des ressources humaines, avec la création de 95 responsables de proximité en France, et la création d’un poste de directeur de ressources humaines spécialement dédié à l’amélioration des conditions de travail sur le site de Guyancourt.
Pourtant Eric Neveu déplore le comportement de la direction : « Elle continue comme avant et n’entend pas travailler sur les causes du stress. Si on n’agit pas sur les causes organisationnelles et la reconnaissance, on aura toujours de la souffrance au travail. »
C’est paradoxalement le jour de l’annonce du suicide du salarié prestataire de Renault, que le directeur des ressources humaines a annoncé que l’entreprise était sur la bonne voie en matière de conditions de travail au sein du Technocentre de Guyancourt.
Un Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail s’est tenu exceptionnellement mardi au sein de chez Assystem. Les syndicats de chez Renault ont réclamé à leur tour la convocation de ce comité.

Ce drame est véritablement au cœur des débats, car c’est mercredi que le ministre du travail Xavier Bertrand, recevait un rapport sur le stress au travail.

Il a annoncé le lancement d’une enquête nationale sur le stress au travail en France, ainsi que la mise en place d’une « veille épidémiologique des suicides au travail, dès l’année prochaine ».
Les décisions du ministre vont-elles véritablement changer les conditions de travail au sein des entreprises, si les entreprises elles même ne se préoccupent pas du moral de ses salariés ?

Caroline Genestier