Étonnant. Voilà peut-être la première idée qui vient à l’esprit en voyant ainsi Ségolène Royal au milieu de ceux qui font que l’Hôpital Public existe, voulant incarner celle qui comprend le mieux leurs difficiles conditions de travail et qui serait la plus à même de résoudre de pareilles situations.

Etonnant, parce que la même personne, il n’y a pas si longtemps alors qu’elle était en pleine course à l’Elysée, avait surpris bon nombre de ses potentiels électeurs en tenant un argumentaire sur la question de la durée du temps de travail que l’on aurait pu croire tout droit sorti de l’esprit d’un candidat du camp adverse. Elle s’interrogeait alors s’il ne faudrait pas, je cite, « aller au-delà des 35 heures » en disant, je cite encore, « la mise en place des RTT a engendrée une dégradation de la situation des plus fragiles, car elles ont eu pour conséquence un assouplissement du droit du travail et une flexibilité accrue entraînant une répartition de l’effort et des avantages fortement inégalitaire » (propos extraits d’un ouvrage publié en ligne sur le site internet « Désirs d’avenir » de la candidate à cette époque bien précise).

C’était, il faut avouer, particulièrement osé et risqué de sa part de critiquer ainsi la mesure, sans doute la plus marquante du gouvernement Jospin. D’ailleurs ces déclarations lui ont également valu de vifs reproches de la part du camp socialiste.
Concrètement parlant, Mme Royale semble avoir quelque peu rectifié son angle de vue, ce qui est toujours intéressant de constater d’un point de vue journalistique. Libre à nous tous spectateurs de déterminer s’il s’agit ou non d’une simple manœuvre politicienne ou autre pirouette politique résolument opportuniste.
En se positionnant de nouveau dans l’axe de la « justice sociale » définit lors de la campagne présidentielle, il semblerait cependant tout à fait indéniable, que celle qui est à présent candidate à la succession de François Hollande à la tête du PS, ait entrepris sérieusement la préparation de son avenir politique.

Pour revenir au dossier de l’Hôpital Public, quelques 23 millions d’heures ont été accumulés sur des Comptes Epargne Temps (CET) depuis l’avènement des 35 heures, afin de maintenir l’offre des soins aux patients. Lundi 7 janvier, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a annoncé disposer de près de 700 millions d’euros pour payer une partie des heures ainsi stockées.

Reste à savoir si ce sera suffisant pour désamorcer la crise en cours et empêcher un éventuel durcissement du mouvement. La partie semble mal engagée, puisque le 17 janvier les médecins urgentistes et anesthésistes ont d’ores et déjà prévu de faire grève, et que le 24 janvier une grande journée Hôpital Mort avec la mobilisation de l’ensemble des agents des hôpitaux est à craindre.

Miguel Maia, Joseph Haley, Anthony Santoro, Smaïn Belhadj