Cris et indignations chez les libertaires : Michel Onfray et Yannis Youlountas (poète-philosophe du même acabit) les invitent à voter José Bové. Surtout, ils les invitent à voter tout court.

A la base, c’est une tribune de Y.Youlountas, cosignée par Michel Onfray, l’auteur athéiste et postée sur Indymedia, le média anarchiste. « Ce premier février 2007, un événement politique incite au questionnement parmi les abstentionnistes, et notamment les libertaires : la candidature collective de José Bové à l’élection présidentielle ». Les noirs et rouges les plus radicaux de Paris voteront-ils (enfin) ?

C’est mal parti… Sur Indymedia, les réponses sont lapidaires : « Michel Onfray et Yannis Youlountas faut arrêter la fumette même bio ; abstention totale contre la démocrature des sarkopen segol’haine ; contre les urnes votez Pavés » , « Seule l’émeute paie !!! ». « C’est un pur produit médiatique. Il s’est fait connaître des médias avec des actions spectaculaires qui plaisent aux médias. Les gens réellement dangereux pour l’état et le capital ne passent pas à la tv, ils ne sont pas cons au point de faire promotion de leurs ennemis »
Et histoire d’être sûr : « Abstention révolutionnaire ! Ni Dieu ni Maître ! », « Nous Voulons la ruine totale du vieux monde ».

Michel Onfray, joint par téléphone, ne jette pas des fleurs à la Fédération Anarchiste. « Les enseignements de Bakounine ne servent pas à penser le quotidien aujourd’hui […] c’est une position de catéchisme, les libertaires veulent toujours êtres purs, se considèrent purs, mais ils ne font pas avancer les choses ». Prosaïquement, « c’est tout simplement mieux de raccourcir le temps de cotisation retraite, d’avoir plus d’avantages sociaux […] mais les anarchistes ne veulent pas faire la différence, pour eux voter c’est impur et voila […] ce sont des affaires de bureaux, la Fédération Anarchiste est pire que le PCF ».
Un peu dégoûté en fait, Michel Onfray est très satisfait de la candidature Bové : « lui il n’a pas à placer des copains, comme les Verts et le PCF, supplétifs du PS, qui rêvent de gauche plurielle : il n’a aucun appareil à contenter, pas de potes à placer après les élections en sous-secrétaire d’état dans je ne sais quel ministère, donc il ne pense pas à la suite. Il a des idées et pas d’appareil, c’est un candidat libre ».

Et toc.

Gregory Kapustin