A aucun moment je ne me suis senti en danger. En ce soir austère et froid aux environs…

A aucun moment je ne me suis senti en danger. En ce soir austère et froid aux environs de 18 heures, Pantin m’apparaît comme une ville calme, presque endormie. Le peu de personnes qui sont dehors vivent leur vie tout à fait normalement et n’apparaissent pas béliqueux pour un sou. Et pourtant, nous sommes en banlieue ! Cette banlieue qui fait si peur lorsque l’on regarde les reportages que l’on en fait à la télé « occupée ».

Ce soir-là, rien de spécial, des gens me croisent avec le camaraman et me glissent quelques mots amusés et sympathiques, alors que je pensais réellement avoir des réflexions plutôt hostiles. C’est l’agression de Laarbi et Miguel, nos deux confrères et amis de la Télé Libre, à Villiers-le-Bel qui m’a décidé à avancer l’élaboration de cette dizième édition de Libres Courts. J’avais pris contact avec l’association Les Engraineurs, dont les membres ont réalisé le film que vous allez voir, en novembre et j’avais prévu d’organiser cela pour janvier ou février.

Mais cet événement a déclenché mon envie d’aborder le sujet au plus vite. De quoi va-t-on parler ? De la relation entre les médias et la banlieue. De ce « je t’aime moi non plus » entre les journalistes et les jeunes de quartier. D’un côté, des professionnels de l’information qui ont de plus en plus de mal à exercer leur métier dans les banlieues, de l’autre, des jeunes qui constatent des manipulations et des approximations graves dans les reportages qui les concernent. C’est donc pour parler de ce problème que j’ai réuni autour d’une table, à la maison de quartier des Courtillières de Pantin, deux membres de l’association Les Engraineurs, et un journaliste, Jean-François Téaldi, grand reporter à France 3, secrétaire général du SNJ-CGT, ancien rédacteur en chef, et organisateur de colloques sur le traitement de l’information dans les quartiers.
Une discussion pleine d’enseignements sur le point de vue des uns et des autres, en espérant que de moins en moins, les journalistes de bonne foi se fassent agresser dans les quartiers et que l’on puisse travailler intelligemment sans chercher à faire du sensationnalisme à tout prix. La banlieue c’est autre chose que des voitures qui flambent. Il faut le dire et le redire.

Loïc Landrau

Image : Bastien Allot
Son: Florent Lambert
Musique/Logo : Julien Fricero

Association les Engraineurs : http://les-engraineurs.org

Association Yata (dont font partie le caméraman et le perchman) : www.myspace.com/assoyata