L’affaire a passionné les milieux des services secrets, de la presse judiciaire et de certains militants musulmans et…

L’affaire a passionné les milieux des services secrets, de la presse judiciaire et de certains militants musulmans et islamistes. La presse grand public n’en a pas fait une grosse affaire. Et puis la justice e tranché : les 6 musulmans Français qui ont séjourné à Guantanamo sont coupables d’ « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».

Le jugement est tombé fin décembre 2007 : cinq ans, dont un avec sursis contre Brahim Yadel ; quatre ans dont un avec sursis contre Mourad Benchellali, Nizar Sassi, Khaled Ben Mustapha et Redouane Khalid ; et la relaxe en faveur d’Imad Achab Kanouni.
La défense avait pourtant relevé des irrégularités dans la procédure. Des agents de la DST avaient interrogé les prévenus à Guantanamo, en se faisant passer pour des agents du gouvernement français agissant dans le cadre d’un action humanitaire ! La justice a ensuite utilisé ces témoignage comme si elles avaient été faites lors d’une déposition face à un juge d’instruction.

Philippe Madelin nous raconte cet incroyable confusion entre services secrets, police et justice.

Lors du porcès qui s’est tenu au TGI de Paris, la Défense unanime soutenait que les prévenus avaient été l’objet d’une procédure judiciaire déloyale. Le tribunal a rejeté cette suspicion: « Cette mission à caractère strictement administratif conforme aux activités de renseignement menées par la DST ne peut donc constituer une atteinte aux droits de la défense pour déloyauté, ni entacher d’iniquité le présent procès. »
Ainsi n’est pas levée l’ambiguïté du statut de la DST, service de renseignement sous une casquette, service de Police judiciaire sous une autre.
« C’est la porte ouverte à n’importe quoi, lance l’avocat Philippe Meilhac. Avec ce jugement, la DST a les mains libres. »
Pour sa part, Maître William Bourdon, avocat de Nazir Sassi et de Mourad Benchellali insiste : « Le tribunal a justifié un adage parfaitement contraire aux principes qui doivent régir une démocratie, c’est-à-dire que la fin ne doit jamais justifier les moyens. Cette fin, l’efficacité dans la lutte antiterroriste, ne justifie pas la déloyauté avec laquelle toutes les investigations ont été menées ».
Les avocats de quatre des cinq condamnés ont annoncé leur intention de faire appel.

Philippe Madelin
Avec John Paul Lepers, Joseph Haley et Smaïn Belhadj