La ténacité non-violente porte parfois ses fruits. Les paysans sans terre indiens viennent de le prouver à leurs homologues du monde entier, qu’ils soient africains ou brésiliens.Lundi 29 octobre, les quelques 25 000 marcheurs partis de Gwalior (madhya Pradesh) le 2 octobre sont arrivés en plein cœur de New Delhi, à seulement 4 kilomètres du Parlement, leur point de mire depuis un mois. Bloqués par des centaines de policiers sur le grand terrain poussiéreux où ils campaient, ils n’ont pas pu parcourir ces 4 derniers kilomètres.

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Mais, sans doute effrayé par cette marée humaine déterminée à ne pas reculer malgré les conditions sanitaires se degradant rapidement, le Premier Ministre Manmohan Singh a fini par signer le document que les leaders du mouvement lui avaient soumis il y a plusieurs jours. Il s’engage ainsi a créer une commission nationale chargée de réfléchir aux problèmes endemiques des sans-terre, ainsi que des cours de justice rapides entièrement dédiées aux litiges sur la terre et les populations déplacées, et enfin un guichet administratif unique pour toutes ces questions.

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« Tout ne va pas changer du jour au lendemain, meme si les cours de justice sont créées, les sans-terre auront toujours du mal à trouver des avocats pour défendre leurs droits », remarque avec lucidite Rajagopal, president d’Ekta Parishad (organisation à l’origine de la marche). « L’emprise des mafias est aussi très forte en Inde. Mais ce mouvement a porté ses fruits et montre que les plus pauvres peuvent faire la différence » ajoute-t-il.
L’annonce du pas en avant du gouvernement a été saluée par des cris de joie, des chants et des danses parmi les milliers de personnes assemblées à Ramlila Maidan. Elle a pourtant été très rapidement suivie par une minute de silence, en hommage aux personnes décédées pendant la marche, d’épuisement, d’une crise cardiaque ou d’une collision avec un camion qui a couté trois vies.
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Dès lundi soir, les satyagrahis (ceux qui pratiquent la methode gandhiene de la satyagraha, la désobéissance civile non-violente) commençaient à repartir vers leurs villages, au sud, à l’ouest ou à l’est, parfois à des milliers de kilomètres de Delhi. Ils vont retrouver leur quotidien de lutte pour la survie mais ne sont pas décidés à laisser les promesses du gouvernement en suspens. « Le gouvernement dispose d’un peu plus d’un an avant les éléctions générales. Il est obligé d’agir vite », insiste Rajagopal.

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Beatrice Roman-Amat http://namaskar.blog.lemonde.fr