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LA CITE NATIONALE DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION s’est ouverte le 10 octobre dernier, sans célébration, ni fanfare. On laisse entrer le public, c’est tout.

L’inauguration officielle, prévue pour ce jeudi 10 heures a été annulée. Jacques Toubon, un peu seul, sur le perron, fait le monsieur Loyal, comme Président du Conseil d’orientation de la nouvelle institution. Mais l’absence du Président de la République qui, le 17 septembre, n’avait pas omis d’inaugurer la Cité de l’architecture et du patrimoine, où celle des ministres concernés interroge. Quand la veille encore, la présence de M. Hortefeux et de Mme Albanel semblait annoncée.

Alors bien sûr, le contexte politique est plutôt tendu, avec le projet de loi de maîtrise de l’immigration, et, en ligne de mire, son amendement concernant les tests ADN. Sans doute était-il risqué, en cette semaine si polémique, de venir affronter devant les caméras la présence indéfectible de militants bien décidés à crier leur indignation face à une politique jugée plus que méfiante envers les immigrés… Car les manifestants sont là, militants de la Ligue des Droits de l’homme, ou de RESF, qui ont levé banderole sur le trottoir d’en face, accumulant les signatures. Mais sont présents aussi des profs, des éducateurs, des curieux. Au fil de la matinée, une poignée de politiques défilent. Comme les autres visiteurs, ils découvrent les salles d’exposition, l’agora de la Cité. La presse, elle, nombreuse, cherche fébrilement des réponses sur les raisons de la « discrétion » gouvernementale.
Il reste que l’immigration a désormais son musée en France, au Palais de la Porte Dorée. Sur le site paradoxal de l’ancien Musée des Colonies, construit en 1931, pour l’Exposition universelle. Une Cité pensée par des intellectuels dès la fin des années 80, et qui aura mis 20 ans à se concrétiser. Mise en danger par les frilosités politiques de la gauche et de la droite réunies, plus récemment par la démission de la quasi totalité des historiens présents au conseil scientifique du projet pour dénoncer l’intitulé du ministère détenu actuellement par M. Hortefeux.

Dans son objet, le musée veut mettre au centre les historiens, amenés à organiser colloques et expositions thématiques, mais aussi le public, appelé à venir y déposer des objets de mémoire ou participer aux débats de l’agora. Le but : parler du temps long et complexe dans lequel s’inscrit l’intégration. De la France comme terre d’accueil et d’asile, ou encore de métissage. Et au final « valoriser l’immigration en lui rendant sa place dans la mémoire nationale », soit : faire changer les mentalités en France sur l’étranger et sur les migrations.
Alors, oui, malgré cette naissance un peu ratée, amputée des honneurs symboliques de la République, cette Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration devrait tout de même être promise à un réel avenir. Tant il semble possible de dire que, sur l’ensemble de ces chantiers, il reste encore, aujourd’hui, en 2007, un peu de chemin à parcourir…
site de la Cité : http://www.histoire-immigration.fr

Karine Yaniv et Larbi Aarab