Qui sont les Femen ? Quel féminisme incarnent-elles ? Entre un cours de self défense et des manifestations se terminant souvent par des arrestations plutôt musclées, LaTéléLibre est allée à la rencontre de ces « sextremistes », mais également de celles qui militent pour le féminisme d’aujourd’hui.

Le 26 octobre 2014, les Femen manifestaient à Paris en soutien à Eloïse Bouton, condamnée à un mois de prison avec sursis, 2000 euros de dommages et intérêts et à 1500 euros de frais de justice, pour «exhibition sexuelle», après avoir simulé un avortement seins nus dans l’église de la Madeleine, en brandissant des morceaux de foie de veau, le 20 décembre 2013.

Eloïse Bouton est une journaliste de 31 ans. Aujourd’hui “féministe freelance”, elle publie Confession d’une ex-Femen, un livre-témoignage dans lequel elle revient sur son parcours de sextrémiste chez les Femen où elle a passé deux ans.

La nudité dans la loi

Selon la loi française l’exhibition sexuelle se définit ainsi : exhibition d’une partie du corps à caractère sexuel si elle est volontaire. Pour être condamnée, il doit être démontré que : « la personne poursuivie a eu la volonté délibérée de provoquer la pudeur publique », extrait de l’article 222-322 du code pénal selon lequel l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Cependant, ce même article stipule que la loi condamne et réprime des motivations et non un simple état de nudité.

Loin du 17 janvier 1975, jour où Simone Veil dépénalise l’avortement, les Femen se sont inscrites dans une nouvelle ère du féminisme. Si les ombrelles, les chapeaux et les corsets ne sont plus d’actualité, les mini shorts, les couronnes de fleur et les poitrines dénudées ont réussi à s’imposer dans ce féminisme « troisième vague ».

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Paradoxe

« Nudité politique », nous dit Marie… « Aucune exhibition sexuelle dans leurs poitrines découvertes », confirme Maryline. « Cela ne doit pas être choquant », surenchérit Sarah.

Mais pourtant, les Femen utilisent cette nudité pour choquer et pour communiquer de façon percutante sur leurs revendications. Nous nous retrouvons donc face à une poitrine utilisée pour choquer et interpeler, lors d’actions qui font la promotion d’une poitrine neutre et égale à celle des hommes. C’est aussi ce paradoxe discret quoi que bien réel que nous allons tenter d’expliquer à travers ce reportage.

À propos des Femen

D’origine ukrainiennes, les Femen se sont formées à Kiev en 2008. Le mouvement s’étend au niveau international et des membres se réfugient en Europe, notamment en France, après avoir subi des persécutions de la part des autorités et du gouvernement ukrainiens.

Adeptes d’un féminisme radical qu’elles appellent « sextrémisme », elles défendent non seulement les droits des femmes, mais s’impliquent aussi pour la démocratie et contre la corruption, la prostitution ou encore l’influence des religions dans la société.

Si elles sont perçues comme des héroïnes pleines de courage par certains, les Femen sont aussi catégorisées comme des « barbies hystériques par d’autres ». En montrant leurs seins nus, les Femen comptent harranguer les foules et le moins qu’on puisse dire c’est : mission accomplie !

Journaliste : Melissa Genevois
Images : Flore, Viénot, Christophe Moraw
Montage : Jules Dromigny
Mercis : Thomas Huchon, Larry Waxman

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