La pièce de Rodrigo Garcia, « Golgota picnic », est basée sur cette idée : La société actuelle dénature le message de Jésus, elle le bafoue.

La société dont parle Rodrigo Garcia a pour objectif la consommation, représentée dans « Golgota Picnic » par des hamburgers, entre autres. Dans l’autre pièce qui pose débat, « Sur le concept du visage du fils de Dieu » de Roméo Castellucci, la consommation est représentée par sa finalité, la défécation, la merde. C’est pourquoi dans la pièce de la merde est jetée sur Jésus. Autrement dit, la société insulte Jésus. C’est, très raccourci, le message de ces deux pièces.

Ce qui est ironique, dans ces manifestations de Civitas, un groupement catholique (que les médias appellent ultra-catholiques, une manière d’empêcher d’office d’écouter leur discours) c’est qu’au fond, Rodrigo Garcia est leur meilleur étendard. Il est d’accord avec eux, ils ont la même idée. Mais ils n’agissent pas de la même manière.

De mon point de vue, c’est là la vraie lumière posée sur Civitas.

Ce groupement refuse non pas qu’on attaque Jésus, ils refusent l’association de symboles. Ils sont une évolution moderne des iconoclastes musulmans, ou chrétiens, ceux du concile de Nicé. Ces derniers refusaient qu’on représente Dieu, ou son émanation. Eux, Civitas, ont accepté cette représentation, mais seulement si elle n’est associée à aucun symbole négatif. Ce qui les gêne ici, c’est que Jésus est associé à de la merde.

Jésus doit rester lié à des associations pures, le silence de l’église, le grandiose de l’architecture gothique, Marie la vierge (amusant comme l’inversion de l’adjectif change la sensation de cette expression), le célibat, etc… C’est le conservatisme dans ce qu’il a de plus infantile, c’est la peur de manquer, de ne plus avoir le sein de maman, c’est l’état de base de l’être humain, quand la peur du monde (c’est à dire la peur d’avoir faim, la peur de mourir donc) est si grande que tout sera fait pour conserver ce qui rappelle le moment où tout besoin était assouvi.

Ces personnes, et je le ressens avec eux pour l’avoir vécu, ont grandi dans le calme de l’église chrétienne, où tout est ordonné, où les repas sont à heure fixe et le prêtre une âme en apparence généreuse et bienveillante, guide dans la pénombre. Finalement, leur message le plus révélateur de ce conservatisme infantile, c’est « La France est catholique et doit le rester » (réf ci dessous).

La France est certes chrétienne depuis la conversion de Clovis, autour de 500 après JC, puis catholique Romaine à partir de la scission du Christianisme entre Orient et Occident en 1054. Mais pourquoi doit-elle « le rester » ? Sachant qu’elle ne l’a pas toujours été, qu’est-ce qui permet d’affirmer que quelque chose doit rester comme il était ? Quel est l’argument de Civitas ?

Il n’y en a pas. C’est le conservatisme dans son plus simple appareil.

François Grandjacques

Liens :

Le site de Civitas :

http://www.civitas-institut.com/

L’appel à la mobilisation lancé par Civitas :

http://www.youtube.com/watch?v=ol9GFiVwk6g

La France est catholique et doit le rester :

http://www.gloria.tv/?media=216063

Avec la musique du film « Pirate des Caraïbes ». Finalement, ce conservatisme est fissuré de quelques influences consumériste.

La fiche de Golgolta Picnic sur le site du théâtre du Rond-Point :

http://www.theatredurondpoint.fr/saison/fiche_spectacle.cfm/110853-golgota-picnic.html

Portrait de Civitas par Rue89 :

http://www.rue89.com/2011/11/14/civitas-le-lobby-catho-qui-flirte-avec-lextreme-droite-226486

Le site du théâtre Garonne où des liens autour de cette affaire sont rassemblés :

http://www.theatregaronne.com/content.php?contentid=77