EN 2011, PRÈS DU LAC D’ANNECY, DES GENS VIVENT DANS UN BIDONVILLE Annecy, ville candidate aux Jeux Olympiques d’hiver de 2018, c’est une ville réputée pour son lac pur et son tourisme quatre étoiles… mais c’est aussi un bidonville situé près du centre-ville, en limite de commune, dans lequel vivent depuis deux ans, dans l’indifférence quasi générale, une dizaine de familles roumaines. C’est cet anachronisme social que nous propose de découvrir nos correspondants dans la région.

Enquête de nos correspondants en pays de Savoie

C’est sur un terrain classé dangereux – le sous-sol regorge de matériaux polluants – que se sont installées il y a maintenant deux ans une dizaine de familles roumaines
en situation irrégulière. Grâce à des matériaux de récupération, elles sont parvenus à construire des cabanes de bric et de broc au milieu des amas de déchets, les protégeant ainsi tant bien que mal des intempéries et de la rigueur de l’hiver savoyard. Si ce lieu de misère est resté si longtemps le refuge de ces familles, c’est que personne ne pouvait, ni voulait le voir. Masqué par un mur d’enceinte le long d’une voie ferrée désaffectée, le bidonville sévit dans un lieu de friches où le bourgeois local n’a pas l’habitude de pratiquer son « jogging » quotidien.

Un maire PS timide, un maire UMP qui désobéit

On peut tout de même s’étonner que ces conditions insalubres, particulièrement préjudiciables pour les enfants, n’aient pas provoqué de réactions des pouvoirs publics,
chacun se renvoyant la balle. Ainsi, même si cela n’était pas de sa compétence, Jean Boutry, le maire socialiste de la commune où se trouve le bidonville, aurait pu se faire entendre au près des autorités de l’Etat. Dans cette affaire, Françoise Camusso, maire UMP de la ville voisine, s’en tire mieux, en reconnaissant et en revendiquant avoir hébergé, en toute illégalité, une partie de ces familles sur sa commune. Michel Bois, de la Pastorale des Migrants, qui apporte un soutien quotidien à ces familles, est là pour en témoigner. De son côté, le député UMP du coin, Lionel Tardy, prend ses distances avec la politique gouvernementale sur le sujet, tandis que Pierre Herisson, sénateur UMP de Haute-Savoie, prend soin de faire le distinguo entre les gens du voyage et les roms.

Des familles livrées à elles-mêmes

Le 18 janvier dernier, soit trois jours après le tournage de notre reportage, la dé-pollution de ce terrain privé, dont le propriétaire – une agence immobilière qui a racheté le droit à construire à une communauté religieuse – est engagée par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Ces familles doivent désormais quitter le terrain au plus vite, sans solution de repli, si ce n’est le retour dans l’enfer Roumain où leur condition de vie est encore plus détestable.

Interview : Gérard Fumex
Images et montage : Mikaël Chambru

NDLR : La Préfecture de Haute-Savoie n’a pas souhaité s’exprimer devant notre caméra lors du tournage ce reportage. En revanche, Philippe Derumigny, Préfet de Haute-Savoie,
interpellé le 21 janvier lors d’une conférence de presse sur la sécurité, nous a déclaré qu’il a été mis au courant de la présence de Rroms sur cette parcelle que le matin même en voyant passer la demande d’autorisation préfectorale de l’ADEME concernant la dépollution du terrain.

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