« HYPERBOLE » « o » minuscule ou « O » majuscule? C’était un peu le thème de la conférence de presse de Marine…

« HYPERBOLE »

« o » minuscule ou « O » majuscule? C’était un peu le thème de la conférence de presse de Marine Le Pen, Vice-présidente exécutive du Front National lundi dernier. Décryptage de ses ambiguïtés.

Avec Jérémy à la caméra qui tournait ce jour-là son premier reportage d’actualité, je me suis présenté au nouveau siège du Front National à Nanterre. Pour une fois, je ne me suis pas fait virer, le nouveau FN tente depuis quelques temps la dédiabolisation, en surface. Arrivé un peu à la bourre, je suis même tombé sur le père qui espérait quitter le bâtiment discrètement… A la fin de la conf’, rencontre avec Patrice Machuret, journaliste au service politique de France 3.

« S’il s’agit de parler d’Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça, c’est une occupation du territoire » Marine Le Pen

Jeudi 9 décembre 2010, Marine Le Pen se trouve à Lyon, dans le fief de son rival Bruno Gollnisch, réputé plus dur qu’elle. Rappelons que nous sommes en pleine campagne pour le remplacement de Jean-Marie Le Pen. La fille du fondateur du parti lâche une phrase qui va déclencher la polémique dans le monde politique et dans les médias.

Devant les militants, elle évoque le nouveau thème favori du FN, c’est-à-dire « l’islamisation de la France » et notamment les prières de rue des musulmans qui n’ont pas suffisamment  de place dans leur mosquées.  « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale (elle évoque Bruno Gollnisch et ses partisans), s’il s’agit de parler d’Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça, c’est une occupation du territoire » et elle ajoute, « C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique : c’est une occupation. Certes il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même, et elle pèse sur les habitants ».

Devant les journalistes, celle qui souhaite prendre le parti de son père en janvier prochain, « persiste et signe » et se défendra de tout dérapage assimilant les musulmans à des nazis, accusant tour à tour les médias et les politiques d’avoir diabolisé ses propos. Bruno Gollnisch, quant à lui, préfèrera le terme de « colonisation progressive » à celui « d‘occupation » employé par Marine Le Pen. Un « détail », sans doute… Mais il est clair que « le musulman » a remplacé « l’étranger » dans la terminologie d’extrême droite, et que le thème de l’islamisation sera au centre la future campagne présidentielle du FN, qui au passage tente de s’approprier la défense de la laïcité, un comble!

Surfant sur la vague du calamiteux « débat » sur l’identité nationale, déclenché par le gouvernement, le Front National a un boulevard devant lui. Près de quatre Français sur dix (39%) approuvent les propos de Marine Le Pen selon un sondage Ifop publié mercredi par France Soir. 61% désapprouvent , dont (seulement) 82% des sympathisants de gauche et 46% des sympathisants UMP. Il est urgent que les partis de gouvernement trouvent des solutions pour aborder  cette question du vivre ensemble autour des religions qui ont le vent en poupe.

La Ligue des droits de l’homme et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) ont porté plainte pour incitation à la haine raciale.

John Paul Lepers
Image: Jérémy Floret
Montage: Etienne Broquet