CACHEZ CE SEXE QUE JE NE SAURAIS VOIR… Des adolescents qui se piquent avec des seringues, simulent un…

CACHEZ CE SEXE QUE JE NE SAURAIS VOIR…

Des adolescents qui se piquent avec des seringues, simulent un suicide ou exhibent leurs attributs sexuels, c’est le thème de la rétrospective de Larry Clark « Kiss the past hello » exposée du 8 octobre 2010 ou 2 janvier 2011 au Musée d’art Moderne de Paris. Des clichés bouleversants de vérité que seuls les adultes peuvent aujourd’hui admirer. Car si la mairie de Paris a décidé de la dévoiler dans son intégralité, elle en a aussi interdit l’accès aux jeunes de moins de 18 ans. Une décision radicale qui a fait couler beaucoup d’encre.


Pour Fabrice Hergott, le directeur du MAM, cette mesure était nécessaire : « C’était la seule façon, vis-à-vis de la loi de 2007, de pouvoir faire l’exposition sans risquer de la fermer ou d’enlever des œuvres de l’artiste. On a consulté un avocat pour savoir s’il y avait un risque, ce qu’il nous a confirmé ». Cette loi qui date du 7 mars 2007 punit de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende le fait « de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d’un tel message ». Une anticipation du risque juridique qu’Emmanuel Pierrat avocat au barreau de paris et spécialiste en droit de la propriété intellectuelle,  condamne violemment  : « Le Musée d’Art moderne de la ville de Paris décide sans raison juridique valable d’auto-censurer l’exposition des œuvres de Larry Clark en l’interdisant aux moins de 18 ans ». Une décision commentée par Larry Clark lui-même comme « une attaque des adultes contre les adolescents » dans un entretien livré au Monde publié le 2 octobre dernier. L’auteur se disait alors « choqué et surpris » par la mesure. Mais cinq jours plus tard lors du vernissage presse de l’exposition, le réalisateur de Kids (1995) tenait un discours plus nuancé.

Lolita Salvan

Images : Quentin d’Hainaud

Montage : Étienne Broquet

Photos : Thibault Pomares