CINÉMA « Près de 800 000 personnes sont actuellement touchées par la maladie d’Alzheimer en France. Malgré les progrès…

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« Près de 800 000 personnes sont actuellement touchées par la maladie d’Alzheimer en France. Malgré les progrès accomplis, plus de la moitié des malades ne sont pas diagnostiqués et 2/3 ne sont pas traités. Compte tenu de l’accroissement de la durée de vie, le nombre de patients aura doublé en 2020 et chaque famille sera touchée. Ces données sont suffisamment alarmantes pour mobiliser toutes les énergies et faire de la prise en charge des malades une priorité de santé publique. »


« J’ai oublié de te dire »

Un beau film pour réfléchir sur la vie, l’amour, la mort…

Avec Omar Sharif (Jaume), Émilie Dequenne (Marie), Anne Canovas (Gabrielle), Franck Gourlat (Baptiste), Jérôme Pouly (Frédo), Cali, Philippe Laudenbach (Dr Simon),…

Réalisation et scénario de Laurent Vinas-Raymond.

Rare. Doublement rare que je vous parle ici d’un film qui lui-même est rare. « J’ai oublié de te dire », réalisé par Laurent Vinas-Raymond, est justement le film qu’il ne faut pas oublier…d’aller voir. Oser aborder aujourd’hui des sujets graves comme la maladie d’Alzheimer et l’euthanasie relève d’une certaine audace, loin des formatages imposés. Le résultat est une totale réussite, sans provocation, avec juste un regard pudique mais réaliste.

Sorti il y a déjà quelques semaines, ce film diffusé dans trop peu de salles(*) fait partie précisément de ceux que l’on ne devra pas oublier. Omar Sharif, que l’on ne présente plus, et Emilie Dequenne (tous deux des acteurs « césarisés ») sont ici les deux principaux protagonistes de ce long métrage. A noter d’ailleurs leur interprétation remarquable qui mériterait bien pour tous les deux de nouveaux César… Mais rien n’est trop long quand il s’agit de montrer des belles images, des sentiments profonds d’amour, d’amitié, de respect de l’autre. Laurent Vinas-Raymond, le réalisateur, a su créer un climat aussi doux et ensoleillé que sa Catalogne natale (où le film a été tourné principalement).

Une ambiance que l’on trouve dans les films de Jean Becker, entre autres, qu’il prend comme l’une de ses références au cinéma. On a envie de respirer les effluves de cette campagne où l’air est pur, les poissons du lac un peu trop petits et où les gens savourent les fameuses bougnettes. Mais au centre de ces images champêtres il faut aussi regarder la vérité en face. L’évolution irrémédiable d’une maladie qui ronge la mémoire, insidieusement, inexorablement. Et ne pas refuser non plus l’idée qu’hélas la fin de vie ( pourquoi ne pas prononcer le mot « mort » ?…) sera au rendez-vous.

C’est là qu’intervient toute la subtilité du scénario qui montre avec beaucoup de pudeur ce qu’est le geste de celui qui met fin à la vie de l’autre qui souffre. Car encore aujourd’hui le sujet est tabou. En dehors des associations comme l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité), qui fédère cependant de plus en plus de monde, il n’y a encore que très peu de personnes qui osent vraiment parler franchement de « ça », hormis déjà quelques pays étrangers qui ont légiféré sur a question, comme la Suisse ou la Belgique. Alors quand dans un film touchant, émouvant, le sujet est évoqué juste pour expliquer que le problème existe, il ne faut pas hésiter de le voir, sans avoir peur. Parce qu’il ne faut plus avoir peur, justement. Parce qu’il faut en parler. D’autant plus que dans ce film,  tout cela est montré sous le signe de la Beauté du cœur et de l’âme. Même s’il y a peu de copies diffusées sur toute la France, ce film passera bien un jour ou l’autre dans une salle de cinéma près de chez vous… sinon attendez bientôt le DVD !

Margot Deschamps
(texte, i
mage et montage)
Finalisation: Etienne Broquet

(*) Où voir ce film actuellement : http://www.allocine.fr