PETIT RÉCIT MULTIMEDIA PERSONNEL

L’apéro géant organisé via facebook, prévu ce dimanche 23 mai a rassemblé plus de forces de police que de fêtards ! Marine, la Nantaise (qui commence a bien aimer Paris…) y était. Elle raconte.


La mode des apéros géants est lancée
depuis quelques mois dans de nombreuses villes de provinces (Brest, Rennes, Nantes, Montpellier..). Ce dimanche, la capitale n’a pas eu le droit à son rendez-vous festif. En cause ? La rumeur d’une interdiction de cet apéro courait sur la toile. Et l’important dispositif policier en a dissuadé plus d’un. Une semaine avant, la préfecture rappelait que « la consommation d’alcool est interdite en permanence sur le Champ de Mars » et se positionnait contre cet apéro sans pour autant l’interdire. L’âme aventurière, je décide d’aller voir si des irréductibles vont quand même se pointer.

Curieuse de découvrir le rendez-vous parisien qui devait accueillir 50000 personnes, je suis donc arrivée vers 20h au Champ de Mars. Les policiers sont en masse, 2000 selon l’un d’eux. Première surprise : fouille pour tout le monde, des barrages sont installés aux quatre coins du secteur pour confisquer l’alcool. Pas de problème, expérience de festival oblige, je cache les bières sous l’écharpe, au fond du sac. Ça passe, ils ne sont pas très regardants. Tolérance ou manque d’attention. A voir… Smaïn me rejoint plus tard avec la caméra. Il n’y a presque personne, difficile de distinguer les participants à l’apéro géant au milieu des flâneurs habituels du Trocadéro. Allons voir de plus près.

Interloquée par ce rapprochement physique avec l’uniforme, je décide interroger mes voisins de pelouse : « Ça ne vous dérange pas d’être encerclés de flics ?? Et l’interdiction d’amener de l’alcool?? » Un jeune papa m’explique qu’il se sent plutôt rassuré par ce contrôle. Il est venue exprès ce soir pour le rassemblement. Plus loin, une barmaid se dit convaincue que l’encadrement policier est justifié

Mais ou est donc passée la jeunesse révoltée qui veut faire la fête en toute liberté ? On se couchera quand on voudra et on vomira si on veut ! Un jeune à chapeau me donne une esquisse de réponse : les fêtards reviendront, un autre jour à un autre endroit, à l’abri du regard policier.

23h, il n’y a toujours pas grand monde.

Rien à voir avec l’Apéro géant Facebook de chez moi, à Nantes qui avait réunit 9000 personnes. Nous les bretons on fait pas les choses à moitié, quand on prévoit un apéro, ça fait des morts… Histoire que les médias et politiques aient quelque chose à croquer sous la dent. Un truc bien juteux, comme un jeune gars de 21 ans qui « après avoir absorbé plus de 15 verres d’alcool fort » serait tombé d’un pont. Peut importe que ce pont soit à quelques kilomètres du dit Apéro géant. Peut importe que le jeune ait pu tout aussi bien mourir le weekend d’avant ou celui d’après, c’est la faute à Facebook. Outil dangereux, capable de réunir des foules. Les foules, ce ne serait pas ce qui fait peur d’ailleurs ? Au-delà des dérives liées à l’alcool, une réunion sauvage, improvisée d’inconnus qui ont décidés de se réunir alors qu’aucun point commun ne les rassemble, ça fait peur. Que peut-il se passer quand des étrangers se retrouvent sans aucun but précis ?

Et les policier eux, ils vont pas prendre l’apéro après le boulot ? Tant pis, on finit en musique et dans la bonne humeur malgré le flop de ce premier Apéro parisien!

Marine Nicolas
Image: Smaïn Belhadj