LE SECRET DE FAMILLE DES MÉDIAS FRANÇAIS Leona Liu, journaliste américaine et nouvelle venue dans notre rédac, nous…

LE SECRET DE FAMILLE DES MÉDIAS FRANÇAIS

Leona Liu, journaliste américaine et nouvelle venue dans notre rédac, nous propose aujourd’hui un sujet sur les médias. Bienvenue à elle et à son regard original !

Les médias sont un miroir de la société. Pourtant, aujourd’hui dans les salles de rédaction en France, il y a un manque de diversité, ethnique et socio-économique. Comment est-ce possible dans un pays qui se réclame des grandes valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ?

La diversité est une idée revendiquée mais peu appliquée par les médias français. Le bilan du rapport du club Averroes sur « L’état de la diversité dans les médias» montre que malgré un discours volontariste, la presse écrite et l’audiovisuel ont continué en 2009 à largement ignorer la question de la diversité. Les minorités ne représentent pas plus d’une personne sur dix. En plus, elles sont souvent limitées aux rôles secondaires. Sur le plan des recrutements aussi bien que des contenus des programmes « l’année 2009 ne marque pas une pause mais une régression » selon le Club, qui regroupe près de 350 professionnels des médias (journalistes, présentateurs, producteurs, réalisateurs…) pour la promotion des minorités visibles dans les médias français.
Le rapport du club Averroes réaffirme les conclusions pessimistes du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) publiées en octobre 2008, qui montre que la diversité n’a progressé que d’un point en dix ans en ce qui concerne les journaux télévisés, la fiction et les animateurs. Selon ce rapport, les personnes vues comme « non blanches » ne constituent que 11% des personnages recensés par l’étude dans la fiction française, alors que dans la fiction américaine leur part s’établit à 19%. Concernant les sujets d’information traités dans les journaux, la part des personnes vues comme « non blanches » s’établit à 15%. Concernant les animateurs de divertissement, les personnes vues comme « non blanches » ne sont présentes qu’à hauteur de 9%. Une triste réalité qui ne représente en aucune façon la réalité de la société française ces jours.

Pourquoi un tel blocage vis à vis des journalistes issus de la diversité? Est-ce que une directive forcée comme l’« affirmative action » à l’américaine (la discrimination positive) pourrait aider à faire bouger les lignes en France ? Des professionnels des médias, comme Nordine Nabili, ancien rédacteur en chef du Bondy Blog (un média en ligne qui a pour objectif de raconter les quartiers populaires en publiant le travail d’une trentaine de jeunes citoyens résidents en Seine-Saint-Denis), et actuel directeur d’une antenne de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) à Bondy, ou encore deux jeunes journalistes de Bondy Blog, et Amirouche Laidi, président du club Averroes et manager de la société de communication « Rumeur Publique » nous parlent de ce problème-tabou.

Reporter américaine (new-yorkaise), je leur ai posé des questions sur l’écart entre la progression de la diversité dans les médias aux États-Unis comparé à celle en France aujourd’hui.

Leona Liu
Julien Boluen
Anthony Santoro