A Perpignan, un président de bureau de vote a été pris, ce dimanche soir, en flagrant délit de « fraude électorale présumée » avec des bulletins de vote dans les chaussettes. Depuis, un feuilleton local commence.

M. Garcia, Claude de son prénom, a été pris en flag dimanche, lors du deuxième tour des élections municipales à Perpignan.

Président du bureau de vote numéro 4, le monsieur est par ailleurs frère de Manuel Garcia, le colistier du maire sortant, de Jean-Paul Alduy, UMP.

Or voilà qu’on le trouve qui portait sur lui, bien caché, des enveloppes, des bulletins de vote de la candidate PS, et encore des bulletins. Tout ça dans les chaussettes! Mis en examen mardi dans le cadre d’une information judiciaire pour « fraude électorale », il demeure en liberté, sous contrôle judiciaire. Avec l’interdiction de rencontrer des personnes présentes dans le bureau de vote.

« Ils trichent sur tous les bureaux de vote » clame t-on du côté de l’équipe de Madame Amiel-Donat, son adversaire, la tête de liste PS-MoDem, avocate, prof de droit de son métier, à l’université de Perpignan, et battue dimanche soir, à 574 voix près. Elle manifeste tous les jours, avec plusieurs centaines de sympathisants, dans les rues de la ville. Des chaussettes à la main, bien sûr.

« Les gens ont peur de parler, mais ça commence à sortir », nous dit Mme Amiel-Donat, qui parle d’un incroyable et grave système de « fraude », et même de « système organisé ».

Depuis dimanche, son équipe n’a de cesse. L’ex-candidate dit recevoir des appels de gens qui veulent parler. Et qui parlent, nous dit-elle, en ce moment même, sous huissier, avec parmi eux, des employés municipaux. Mme Amiel-Donat pense ainsi voir se révéler à elle un système organisé assez fantastique de bourrage d’urnes, avec des techniques d’intervention à plusieurs, dans les bureaux de vote, un système pour récupérer les enveloppes dès le matin, mais aussi conjugué à une manière de ne pas nettoyer les listes électorales… « On pense que ça leur permet de bourrer l’urne à un moment de la journée » quand l’assesseur adverse tourne le dos, dit Jérémy Lavaille, proche collaborateur de la tête de liste PS-MoDem. « Les gens ont très peur, ils ont des parents qui travaillent à la mairie… ».
A l’heure actuelle, aux côtés de l’adversaire malheureuse du sénateur maire qui derrière tout cela est visé, seize personnes travaillent en permanence à éplucher les listes d’émargement, à croiser les registres, les procurations avec les cahiers d’émargement. « C’est un énorme travail, pour tout croiser ». Mais des irrégularités, ils en trouvent.

Ils ont jusqu’à vendredi minuit, pour déposer un recours en invalidation au tribunal administratif de Montpellier. Par ailleurs, ils se sont porté partie civile depuis la mise en examen après flagrant délit. Enfin, l’équipe travaille à une plainte plus globale pour fraude électorale.

De l’autre côté, le maire sortant, Jean-Paul Alduy, réélu dimanche, a annoncé mardi avoir porté plainte « en diffamation publique » Jacqueline Amiel-Donat.

A suivre donc.

K.Y.