LES CHERCHEURS ONT LES CROCS Les chercheurs ont franchi une nouvelle étape dans leur mobilisation contre les réformes.…

LES CHERCHEURS ONT LES CROCS

Les chercheurs ont franchi une nouvelle étape dans leur mobilisation contre les réformes. Le jeudi 26 mars, ils étaient un peu plus d’une centaine à bloquer le siège du CNRS au 3, rue Michel Ange à Paris.

Arrivés à 8h30, ils avaient tenté d’empêcher la tenue du Conseil d’Administration avant que celui-ci ne feinte en s’installant quelques étages au dessus de la salle initialement prévue. Ce n’est que pendant la réunion que les délégués du personnel qui doivent normalement être présents ont été prévenus. Cet « affront » de la direction a mis le feu aux poudres et provoqué l’occupation des locaux administratifs du CNRS par les chercheurs.

Bien que cette action s’inscrive dans le cadre plus global de la mobilisation des enseignants-chercheurs et des chercheurs qui dure depuis plus de huit semaines, des revendications propres au CNRS étaient à l’ordre du jour. La plus importante, qui constituait un préalable à l’évacuation des chercheurs, était le rétablissement de tous les postes de chercheurs perdus au CNRS au profit de chaires mixtes organisme/université. Concrètement, une fusion de deux postes. Mais la chose est complexe comme l’explique Libération dans son édition du 4 novembre 2008.

« En résumé, une université recrute un jeune maître de conférence, par un comité de sélection nommé par son président et auquel participe le Cnrs, puis il bénéficie du statut de la dite chaire durant cinq ans renouvelable une fois. Il est censé mener ses recherches dans un labo mixte Cnrs Université, en n’effectuant qu’un tiers de sa charge d’enseignement. (…) C’est bien pour lui… mais la manip revient en réalité à compter deux fois la même personne aux effectifs des universitaires et des chercheurs. Pour l’Université, c’est un enseignant chercheur qui fait moins de cours et plus de recherches, pour le Cnrs c’est un chercheur qui doit quand même un tiers de charge d’enseignement d’un maître de conférence, mais il s’agit d’une seule et même personne. »

L’action du jour n’a pas abouti et les chercheurs ont été évacués le soir même à 22h30, mais la mobilisation continue.

Bien que leurs situations soient différentes, chercheurs et enseignants-chercheurs sont solidaires face aux projets du gouvernement. Et c’est ensemble qu’ils s’insurgent.

Depuis des mois, tous réclament la fin des suppressions de postes. Ils jugent inacceptable le nombre croissant de postes « déprogrammés » , c’est-à-dire qui ne seront pas offerts à concours pour l’année prochaine. A titre d’exemple, alors que le CNRS perdra plus de 400 chercheurs en 2010 (pour cause de départ à la retraite ou autre) seuls 300 postes seront offerts. Ils ironisent d’ailleurs de voir le gouvernement prôner ces diminutions d’effectifs alors que ce dernier affiche la recherche comme une de ses priorités.

Ils exigent l’abandon du modèle SYMPA (Système de répartition des Moyens à la Performance et à l’Activité) de financement des universités qu’ils jugent inéquitable. Ils demandent le retrait du décret enseignants-chercheurs qui modifie le statut de 570 000 personnes. Ils refusent qu’une évaluation de la qualité de leurs recherches par le Conseil National des Universités puisse servir de base pour déterminer les financements accordés. Ils craignent par ailleurs que le décret ne soit qu’une manière détournée d’alourdir leur charge de travail sans aucune contrepartie. Tous enfin réclament l’annulation de la « masterisation » et une révision de la loi LRU (loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités).

La suite de la mobilisation est déjà prévue. Les chercheurs français appellent désormais au blocage de tous les Conseils d’Administration des organismes de recherche.

Antoine Sanchez

Images : Adrien Kaempf

Montage : Jérôme Piauly

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