CONFLIT SANS PAPIERS-CGT Depuis bientôt un an, un millier de travailleurs sans-papiers occupe l’annexe Varlin de la bourse…

CONFLIT SANS PAPIERS-CGT

Depuis bientôt un an, un millier de travailleurs sans-papiers occupe l’annexe Varlin de la bourse du travail à deux pas de la place de la République à Paris. Un conflit les oppose à la CGT, qui habite les lieux depuis des années… Pour le syndicat national, il s’agit d’un squat, et non plus d’une lutte. Entre les deux camps, la rupture est consommée, et la cohabitation devient difficile.

Ils sont 1300, venus chercher du soutien auprès des syndicats dans un des lieux symboliques de la lutte ouvrière, la bourse du travail, et pour sensibiliser l’opinion publique sur leur situation. A la base, ces sans-papiers, originaires principalement d’Afrique de l’Ouest sont en majorité isolés, à savoir qu’ils ne bénéficient pas d’un soutien syndical suffisamment important pour faire passer leurs revendications dans leurs entreprises.

Le 15 avril 2008, sous l’impulsion de la CGT, un mouvement de grève est mené dans les entreprises comptant de nombreux sans-papiers dans leurs rangs. La Coordination Sans-Papiers 75, regroupant des collectifs de la Capitale, cherche à se greffer au mouvement pour obtenir la régularisation des sans-papiers isolés. Ils tentent de déposer, de manière autonome, près de 1200 dossiers à la préfecture qui les renvoie à la CGT. Direction la Bourse du Travail où siège l’Union Départementale de Paris. Mais la CGT décide de ne pas appuyer ce dépôt. S’ensuit une occupation qui dure encore.

Pendant une journée, nous nous sommes immergés dans le dédale de la Bourse du Travail, dans lequel personne ne semble trouver d’issue. D’un côté, les syndicats, solidaires, dans le discours, de la lutte des sans-papiers pour leur régularisation, comprennent mal la décision politique de la CSP 75 de venir occuper la bourse. Pourquoi ne pas avoir décidé de gêner le Medef plutôt que de peser sur l’activité des syndicats, leurs principaux alliés ? Mais où iraient les sans-papiers ? Pour ces derniers leur choix est légitime. Dans un état de droit et d’égalité comme la France, ils ne peuvent accepter que les syndicats fassent la distinction entre travailleurs isolés et non-isolés. En attendant, la CGT continue de débattre avec la CSP en médiation avec différentes associations, mais exige le départ des occupants. Pour les sans-papiers, la visibilité qu’ils gagnent à occuper  la bourse leur donne l’espoir d’obtenir un maximum de soutiens pour faire pression sur le ministre de l’immigration Eric Besson et obtenir une régularisation de tous les occupants.

Dans ce sens, est prévue, samedi 25 avril à partir de 15h au départ de Châtelet, une marche sur le ministère de l’immigration. La CSP 75 et plusieurs collectifs de sans-papiers de la capitale invitent organisations syndicales et politiques, membres d’associations et citoyens à manifester pour débloquer la situation et réclamer plus largement la régularisation de tous les sans-papiers de France.

Adrien Kaempf
Cameraman : Vincent Chirol
Montage: Ludovic Véru