LIBRE POST

Pour revendiquer le droit que leur corps ne soit pas systématiquement considéré comme sexuel, des femmes du collectif « les tumultueuses », ont investi une piscine parisienne torse nu, seins à l’air donc. Nous publions ici leur communiqué.

Intervention policière de choc : douze agents de police mettent fin à l’action de neuf femmes torses nus

Le mardi 7 avril à 21h, une dizaine de militantes féministes se sont baignées torse nu dans la piscine Georges Vallerey dans le 20e à Paris. Cette action politique avait pour objet de dénoncer le matraquage des normes de beauté, la nécessité pour les femmes de se couvrir et découvrir sur commande, et d’une façon générale la sexualisation permanente qui est faite de leur corps ou de certaines de ses parties. La possibilité de se baigner torse-nu, jugée uniquement décente pour les hommes, est un exemple parmi de nombreux autres de la différence de statut et de place réservés aux femmes dans la société.

Dès l’arrivée du groupe près du bassin, les maitres-nageurs/nageuses réagissent de manière virulente. Les porte-paroles expliquent les motifs de l’action et distribuent des tracts plastifiés. Les réactions de la part des usagers/usagères de la piscine sont majoritairement positives. Pourtant, les responsables de l’établissement font appel aux forces de l’ordre qui après quelques minutes font irruption sur les bords de la piscine.

Neuf filles torse nu se baignent et ce sont douze policiers et quatre véhicules (dont deux fourgonnettes) qui débarquent afin de procéder à une interpellation pour des faits d’ «exhibitionnisme». Bottés, en uniformes complets, ils investissent le lieu à la stupéfaction ou la colère d’un certain nombre de baigneurs/baigneuses ordinaires. Les militantes se retirent dans les douches. Au mépris du règlement, l’un des policiers fait irruption en godillots dans cet espace réservé aux femmes avec des ordres pour le moins contradictoires : « Venez ou je viens vous chercher ! » ; « Cachez-vous ! » ; «Dehors les nudistes !». Deux militantes sont finalement retenues par la police. Le règlement de la piscine est consulté: rien ne stipule que les femmes doivent couvrir leur poitrine, seul le port d’une tenue de bain est exigé. Pour finir, le directeur de la piscine annonce qu’il ne souhaite pas porter plainte. Les agents de police décident pourtant de relever l’identité de ces dangereuses militantes menant comme ils le précisent une « action politique donc sensible » ; il fallait sans doute justifier le déplacement d’autant d’agents et de véhicules pour une histoire de torses nus.

Contact : tumultueuses@rezo.net