SURCHAUFFE CARCÉRALE

ARTICLE MODIFIÉ LE 22/10/08 (voir en fin)

« Blocage de toutes les prisons de France à compter du 13 novembre au matin ! » Un message clairement adressé à Rachida Dati, garde des Sceaux, « qui nous snobe depuis plus de trois semaines alors que nous ne pouvons plus attendre », explique Christophe Marquès, secrétaire général du Syndicat National Pénitentiaire Force Ouvrière.

Deux nouveaux détenus se sont suicidés en fin de semaine dernière. Dans un climat carcéral intenable (51 000 places pour 63 000 détenus au 1er octobre, selon l’Ufap), les gardiens de prison expriment leur ras-le-bol. Les trois principaux syndicats pénitentiaires (l’Union fédérale autonome pénitentiaire-Ufap, FO et la CGT), appellent au blocage de tous les établissements pénitentiaires à partir du 13 novembre. C’est la première fois depuis 2002 qu’une union syndicale est créée dans ce corps de métier.

Face à la dégradation quotidienne des conditions de vie dans les prisons, les syndicats souhaitent rencontrer Rachida Dati « pour réfléchir ensemble sur des solutions rapides », souligne Céline Verzeletti, secrétaire général de la CGT – Pénitentiaire. Le directeur de cabinet de la ministre a exposé aux syndicats des propositions, lundi 20 octobre et Rachida Dati a prévu de les recevoir le 7 novembre. Des avancées qui ne convainquent pas Jean-François Forget secrétaire général de l’Ufap. « Nous maintenons notre appel au blocage à partir du 13 novembre, et si la rencontre avec la ministre n’aboutis pas, les prisons resteront mortes. Il y a urgence : la mise en danger de la vie d’un détenu ou d’un agent est permanente.»

Le ministère de la Justice prend acte de cet appel au blocage. « Pourtant, nous n’avons annoncé hier que de bonnes nouvelles aux organisations syndicales », s’interroge Guillaume Didier, porte-parole du garde des Sceaux. « Nous répondons à un certain nombre de leurs demandes comme la mise en place de groupes de travail pour réfléchir sur des thèmes soumis par les syndicats, d’un bureau d’action sociale et d’un audit dans chaque établissement. »

Un dialogue difficile avec la ministre

Le ministère réaffirme sa volonté de partager les mêmes intérêts. « Le dialogue est maintenu avec les organisations syndicales », affirme Guillaume Didier. « Les prisons restent une priorité et nous souhaitons aboutir à des solutions concrètes rapidement. Est-ce une marque de mépris que de créer des emplois dans le milieu carcéral ? »

Pourtant les représentants syndicaux ne partagent pas ce sentiment. « Lors de ses visites sur le terrain, elle nous rencontre rarement, se souvient Céline Verzeletti. Ses déclarations ne sont pas suivies d’actes concrets. Ses mesures sont impraticables et elle refuse de revenir dessus. Elle soulève donc l’irritation et la déception parmi le personnel pénitentiaire. » La CGT pointe certaines mesures émises par Rachida Dati qu’elle considère comme inefficaces. A titre d’exemple, la ronde des gardiens toutes les deux heures pour prévenir des suicides est jugée trop restrictive ou bien encore le recours quasi systématique à l’incarcération pour délit mineur est dénoncé : il facilite l’engorgement des prisons.

Une action compliquée

Le statut du personnel carcéral interdit la grève. Mais « le blocage sera relayé par le personnel en dehors de ces horaires de service, explique Céline Verzeletti. Mais il s’exposera quand même à des sanctions disciplinaires. Nous bloquerons l’entrée des intervenants extérieurs (Visiteurs, avocats, concessionnaires et travail pénal). En aucun cas nous ne perturberons les visites familiales, trop importantes aux yeux des détenus, le personnel de santé ne sera pas non plus perturbé. Ce dispositif est assez compliqué à mettre en place mais la sécurité des lieux ne sera pas menacée. » Les syndicats attendent une mobilisation « très forte » et inscriront leur mouvement dans la durée.

Marie Périssé

 

Modif du 22/10/11

Les syndicats pénitentiaires lèvent leur appel au blocage des prisons prévu pour le 13 novembre

Contactés par téléphone hier mardi  21 octobre, les représentants des syndicats Ufap, FO et CGT ont été convoqués par Rachida Dati à 8 h 30, aujourd’hui 22 octobre.  A l’issue de cette réunion, Guillaume Didier porte-parole de Rachida Dati a annoncé la levée du mot d’ordre de blocage des centres de détention lancé par les syndicats et prévu pour le 13 novembre.  Une information par la suite confirmée par Guillaume Marquez, secrétaire général de FO Pénitentiaire, qui estime avoir obtenu satisfaction sur les revendications émises.