ASSEMBLÉE NATIONALE Assaut de questions pour les deux ministres Morin et Kouchner. Huit jours après la tragédie des…

ASSEMBLÉE NATIONALE

Assaut de questions pour les deux ministres Morin et Kouchner. Huit jours après la tragédie des 10 morts français, cette embuscade sanglante du 18 août qui a rouvert tous les débats concernant les modalités de la présence militaire française au pays des talibans, leurs collègues députés demandent réponses. Le ministre des affaires étrangères veut ce jour-là asseoir la détermination de la France sur une certaine honnêteté : des morts, il y en aura encore.

Parmi les députés des commissions de la défense et des affaires étrangères présents en nombre ce mardi 26 août 2008, quelques anciens militaires à l’expérience qu’on sent poignante, quelques visages bronzés, fraîchement de retour à la capitale, et beaucoup d’interrogations. « On a pêché par excès de confiance » vient de confier dans la presse le général Michel Stollsteiner, commandant français de la force de l’Otan dans la région de Kaboul… Alors, que s’est-il réellement passé ? Comment s’est réellement préparée et déroulée l’opération ? Des députés de droite se montrent sévères.

Dans la salle d’audition du Palais Bourbon ce jour-là, les ministres font bloc derrière le volontarisme du Président de la République : « Nous défendons nos valeurs » ou bien « Nous n’avons pas le droit de perdre ». Des déclarations qui en agacent certains, ceux qui n’entendent là que refrain, et répétitions d’une rhétorique très « bushiste » voire aveugle. Parce que, si en 2001 (sous Jospin) une grande majorité du spectre politique s’était montré unanime à décider d’un envoi de troupes dans le pays abritant au fond de ses grottes les forces vives d’Al Quaïda, la toute récente décision (avril 2008) du Président Sarkozy d’envoyer du renfort (700 hommes) mais aussi de « changer » la nature de l’engagement français dans ce pays, fait toujours polémique.

On parle beaucoup, très sérieusement, de drogue, de corruption, du Pakistan…
Alors maintien de la paix, vraies batailles, guerre assymétrique, guerre de contre-insurrection, vraie guerre ? Ou encore engrenage, piège, bourbier ? Les mots « Vietnam » et « Algérie » sont bel et bien prononcés. Et pourtant, ils sont peu nombreux, ce jour-là, à demander un retrait jugé par la plupart impossible. En revanche beaucoup en viennent à réclamer une sérieuse évaluation de la situation. Et, sans doute, dans l’opposition, un changement de cap.

Les ministres pointent des progrès indéniables, quand ceux qui ne sont pas de leur avis interrogent, incessants : alors, vraiment, la situation s’améliore? la démocratie progresse? il y a plus d’enfants scolarisés? Moins de femmes battues?

Entre temps la « bavure » du vendredi 22 août (90 civils tués dans un bombardement de la coalition sous commandement américain) continue de semer le doute : et si l’opinion publique afghane commençait à ne plus en pouvoir, de cette présence militaire occidentale désormais vécue comme force d’occupation? Sachant que parallèlement, la « bavure » américaine vient de conduire le gouvernement afghan lui-même, ce lundi 25 août, à décider de renégocier les termes de la présence des forces internationales…

Débats à suivre, quoi qu’il en soit, puisque le 22 septembre prochain (session extraordinaire), la représentation nationale dans son ensemble devra se saisir du dossier : le gouvernement a décidé de « soumettre à l’autorisation du Parlement la prolongation de l’intervention des forces armées en Afghanistan ». En directe application de la « nouvelle » constitution.
Avec vote à la clef.

Karine Yaniv
Caméraman : Matthieu Martin
Montage : Anthony Santhoro