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Reportage truqué ou journalisme tronqué ? Soutenons Charles Enderlin !

Non, ce gamin palestinien n’est pas mort dans les bras de son père. Oui, bien sûr, c’est Charles Enderlin et toute sa clique de France 2 qui ont inventé cette histoire. Voilà où conduit la diffamation. Voilà comment est menacé le journalisme aujourd’hui.

En déboutant la plainte en diffamation de Charles Enderlin à l’encontre de Philippe Karsenty, la Cour d’appel de Paris lance un pavé dans la mare de la presse : celui du permis de diffamer. La mobilisation autour du reporter de guerre est en marche.

Charles Enderlin, tout le monde le connaît. Tous les journalistes connaissent son talent. Tous les spectateurs reconnaissent sa voix. Mais, depuis maintenant sept ans, ce n’est ni le talent ni le timbre du correspondant de guerre qui font la une des médias. Mais une affaire de justice. Une pathétique affaire de justice, pourrait-on dire.

Depuis sept ans, Charles Enderlin est au coeur d’une polémique mettant en jeu et en péril sa déontologie et sa dignité de journaliste. Rappelez-vous.

Le 30 septembre 2000, dans la bande de Gaza. Un gamin de 12 ans, Mohammed al-Doura, meurt dans les bras de son père. Touché par des tirs venus des positions israéliennes. Filmé par l’équipe de tournage de Charles Enderlin. Ce reportage terrible fait le tour du monde. Et émeut la planète.

Mais, pour certains et notamment pour le président de Media-Ratings, Philippe Karsenty, l’émotion laisse rapidement place à l’hostilité. Selon lui, la scène montrant la mort de l’enfant aurait été fabriquée de toutes pièces, et jouée par des figurants palestiniens. Mohammed n’est pas mort et son père a simulé ses blessures. Il lance l’accusation et demande la tête de Charles Enderlin tout comme d’Arlette Chabot, alors directrice de l’information de France 2. S’ensuit une véritable campagne de calomnies.

Piqué au vif et dans sa dignité, Charles Enderlin attaque Philippe Karsenty en diffamation. Et, il y a un peu moins de deux ans, le 19 octobre 2006 précisément, le tribunal correctionnel de Paris juge Philippe Karsenty coupable de diffamation. Mais l’observateur des médias est coriace et ne lâche pas prise. Philippe Karsenty saisit alors la Cour d’appel de Paris.

Et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Le 21 mai dernier, la même Cour d’appel reconnaît que les propos tenus par Philippe Karsenty portent « incontestablement atteinte à l’honneur et à la réputation des professionnels de l’information » mais reconnaît sa « bonne foi ». Et lui rend sa liberté d’expression… Relaxé, Philippe Karsenty est donc relaxé. Etrangement, certes, mais c’est ainsi.

Choqué, le monde de la presse a décidé de réagir à cette surprenante, dérangeante voire inquiétante, décision de justice. De défendre le professionnalisme de Charles Enderlin et de s’insurger contre cette nouvelle « permission de diffamer ». Sur le site du nouvelobs.com, quelque deux cents personnes, parmi lesquels des journalistes, des personnalités et des internautes, ont déjà signé une pétition, un « appel » à soutenir leur confrère dans cette nouvelle épreuve. Pas besoin de vous inciter à vous y rendre et à signer…

PÉTITION DE SOUTIEN A CHARLES ENDERLIN