Les média les oublient, mais ils sont encore là. Près d’un mois après le début de leur grève,…

Les média les oublient, mais ils sont encore là.

Près d’un mois après le début de leur grève, le 2 mai, plusieurs centaines de sans-papiers occupent toujours les locaux de la Bourse du Travail, dans le 3ème arrondissement de Paris. Aux militants de la première heure, issus de la Coordination 75 qui mobilise des sans-papiers depuis l’occupation de l’église Saint Bernard en 1996, se sont ajoutés des dizaines d’anonymes. Ils dorment là, dans les escaliers, dans la cour, devant la porte du batiment.

Pas de régularisation massive

La plupart d’entre eux sont des travailleurs – déclarés sous de faux papiers, ou travaillant au noir – pour qui cette grève qui s’éternise est une menace directe. Car malgré une mobilisation qui ne faiblit pas, le gouvernement ne semble rien vouloir entendre de leurs doléances.

Brice Hortefeux l’a encore affirmé mardi 27 mai à Libération, « un étranger qui séjourne illégalement sur le territoire a vocation à être reconduit dans son pays d’origine, sauf situation particulière ». Arguant du fait que le gouvernement ne doit pas « cautionner l’illégalité », il a répété qu’il n’y aurait pas de régularisation massive de travailleurs sans-papiers – quelques centaines tout au plus.

Dossiers rejetés

Quand nous les avions rencontrés, le 5 mai dernier, les sans-papiers de la Bourse du Travail avaient pourtant bon espoir de faire entendre raison au ministre de l’immigration. Pour Djibril Diaby, délégué de la Coordination 75, le soutien de certains syndicats de patrons, qui appellent à une régularisation des travailleurs sans-papiers, ne laisse pas le choix au gouvernement. Mais aujourd’hui, ils n’ont que très peu de moyens de pression.

Contrairement aux occupations de restaurants, d’entreprises de nettoyage ou du batiment coordonnés le mois dernier par la CGT, qui empêchaient les entreprises de travailler, celle de la Bourse du Travail ne pénalise pas grand monde, si ce n’est les syndicalistes. Le choix d’occuper ces locaux que la CGT partage avec d’autres syndicats partait de la colère de la Coordination de voir ses dossiers rejetés par la préfecture, quand celle ci acceptait encore d’examiner ceux soutenus par la CGT.

Depuis, ces partenaires de lutte de longue date se sont réconcilié, mais rien dans l’attitude du ministère ne semble leur laisser espérer une issue heureuse à la crise.

Au contraire, la présidence française de l’Union Européenne qui débute le 1er juillet pourrait donner au gouvernement une occasion de se montrer particulièrement intransigeant. Le « refus des régularisations générales et massives » est en effet l’un des trois principes du « Pacte européen sur l’immigration et l’asile » que Paris souhaite faire signer aux états membres.

Entre temps, une deuxième vague d’occupation de restaurants et d’entreprise a commencé.

Joseph Hirsch

Caméra et montage : Joseph Haley