Valérie Pécresse vient de se mettre à dos le petit monde de la recherche française. Pour les scientifiques,…

Valérie Pécresse vient de se mettre à dos le petit monde de la recherche française. Pour les scientifiques, ce gouvernement méconnaîtrait totalement la réalité de leurs métiers aux enjeux si cruciaux. A l’occasion de la très mobilisatrice marche du 27 mai baptisée ‘ »Academic Pride », LaTéléLibre.fr a interrogé des chercheurs – très éminents ou « en herbe » – tous très inquiets, mais aussi Mme la Ministre, dans les bureaux de son Ministère. Une Ministre qui, pourtant, depuis sa nomination, ne cesse de répéter que la Recherche, c’est l’avenir…

L’ annonce par la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Mme Valérie Pécresse, dans Le Monde du 21 mai, des grandes lignes de la réforme du CNRS, sans attendre la réunion du conseil d’administration de cet organisme prévue pour le 19 juin pour son adoption éventuelle, a provoqué un électrochoc.

Dès lors l’« Academic Pride », organisée le mardi 27 mai, à Paris et dans plusieurs villes à l’appel de « Sauvons La Recherche » a rencontré un vif succès. Plus de 3000 participants, un record inégalé depuis 2004 pour une profession peu encline à descendre dans la rue sans raison sérieuse.

Academic Pride, et considérations budgétaires

La « Marche de tous les savoirs », a été conçue (sur le modèle de la Gay Pride homosexuelle) comme une démonstration de fierté pour « entraver la démolition du service public d’enseignement supérieur et de recherche » mais aussi pour dénoncer le mépris dans lequel leur profession serait tenue par ce gouvernement. L' »Academic Pride » met aussi en avant des considérations financières : nombreuses sont les pancartes avec des courbes chiffrées brandies en l’air, pour dénoncer les promesses non tenues en matière de budget. Ou le « mensonge » du fameux milliard annoncé par Mme Pécresse. « En Angleterre actuellement, le budget augmente de 10% par an! » avance très remonté Alain Trautman, cofondateur du mouvement « Sauvons la recherche ».

un « incompréhenssible projet de saucissonnage »

Pourtant, au delà de ces revendications, le vrai point de cristallisation de l’inquiétude et de la colère des chercheurs est cette annonce toute « chaude » du 21 mai précédent : il devient clair que tous sont là, dans la rue, pour la défense d’un CNRS menacé d’un « incompréhenssible saucissonnage ». Et le refus de ce que « ce gouvernement casse les outils qui nous permettent d’exercer notre métier ».

Sur ce point, la ministre ayant annoncé avoir décidé de transformer le CNRS en Instituts Nationaux, dont ne feront pas partie les sciences de la vie ni celles de l’Information (et Informatique) c’est une certaine stupeur qui s’exprime du côté des chercheurs de ces champs scientifiques en particulier. Les biologistes craignant que leur discipline, qui serait alors rattachée à l’Inserm, soit ramenée à son aspect biomédical, appliqué, au détriment de la recherche fondamentale. Mais les chercheurs en Sciences Humaines étaient aussi très nombreux à être descendus dans la rue, souvent en équipe ou en labo, exprimer leur incompréhenssion.

une Ministre qui se veut rassurante

Mme La Ministre, au même moment en conférence de presse sur le problème des stages, s’est montrée rassurante au micro de LaTéléLibre.fr se veut de son côté rassurante, et semble vouloir minimiser le problème concernant le CNRS.

Pour Pierre Le Hir du journal Le Monde « elle a peut-être aussi, en affirmant le rôle central du CNRS dans des disciplines scientifiques majeures, coupé l’herbe sous le pied de ceux qui, à l’Elysée ou dans les cercles les plus libéraux, prônent sa disparition pure et simple ».


Karine Yaniv

Journalistes : Karine Yaniv et Benoit Gautier

Caméra : Aurélie Piel et Mathieu Lépine

Montage : Anthony Santoro