Cacophonie diplomatico-médiatique. A la clef, l’inimitable Rama Yade qui désormais dément avoir posé des « conditions » à la participation de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin. Et récuse l’idée d’avoir pu employer ce terme dans un entretien au « Monde ».

Ce Samedi, Rama Yade en gros semble sous-entendre que le quotidien Le Monde a déformé ses propos, voilà ce que l’on croit comprendre :

« Je tiens à indiquer que lors de l’entretien que j’ai donné à un journaliste du Monde pour son édition du 6 avril 2008, le terme de ‘conditions’ n’a pas été employé », déclare Mme Yade dans un communiqué, le samedi 5 avril.

A partir de là, la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme dont on se demande toujours si elle est en service télécommandée ou si c’est la reine de l’impro et de la gaffe, revient au très diplomatique « tout reste ouvert » du Président de la République, prononçé à Tarbes, le 25 mars – sur cette question d’un éventuel boycott de la cérémonie d’ouverture.

Pourtant, le journal Le Monde assure « avoir retranscrit fidèlement les propos de Rama Yade ».

Dans l’entretien , la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme répondait en ces termes au journaliste l’interviewant :

« Nous demandons la remise en liberté immédiate de Hu Jia, qui vient tout juste d’être condamné à trois ans et demi de prison (…). Nous demandons que la Chine entreprenne un dialogue réellement constructif avec le dalaï-lama (…)rien que pour 2007, on compte 132 moines arrêtés pour des motifs politiques. »

A la question : « Cela peut-il conduire le président Nicolas Sarkozy à boycotter la cérémonie d’ouverture des JO ? » Mme Yade répond : « Il prendra sa décision au regard de l’évolution des événements actuels et s’exprimera après avoir consulté nos partenaires européens, car il parlera alors en tant que président en exercice de l’Union européenne. Néanmoins, trois conditions sont indispensables pour qu’il s’y rende : la fin des violences contre la population et la libération des prisonniers politiques, la lumière sur les événements tibétains et l’ouverture du dialogue avec le dalaï-lama ».

La reprise est immédiate, dans tous les médias, à deux jours de l’arrivée de la flamme à Paris et avec des sondages plutôt en faveur de la cause tibétaine, on titre : Rama Yade pose trois conditions.

Et bien sûr, à partir de là, risque d’emballement : on commence à croire que Paris veut durcir sa position

Au point que Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). dès samedi s’exprime et juge : « Cela montre que les choses sont en train de bouger du côté des autorités françaises ».

En attendant que cacophonie cesse, Bernard Kouchner est à son tour intervenu pour démentir toute idée de « conditions » c’est à dire toute idée d’un durcissement envisagé de la position de la France…

Demain lundi, c’est avec un dispositif de sécurité digne de la série 24 Heures chrono que la flamme va parcourir 20 km dans Paris, la « capitale mondiale des droits de l’homme ».
Karine Yaniv