Interview de Bernard Kouchner après une conférence sur les droits de l’homme. L’objectif était d’interroger le ministre des…

Interview de Bernard Kouchner après une conférence sur les droits de l’homme. L’objectif était d’interroger le ministre des Affaires Etrangères sur les sujets « chauds », au premier rang desquels le Tibet, les Jeux Olympiques et l’uranium du Niger exploité par Areva. Mais pas de prise de position, le bien nommé chef de la diplomatie balaye les questions qui fâchent avec le sourire, et avec une realpotik étonnante pour le fondateur de MSF. Petite leçon de langue de bois dans la cour de Sciences Po.

Décrié pour la réaction quasi aphone de la France face à la situation au Tibet et la question des droits de l’homme en Chine, Bernard Kouchner a essuyé la semaine dernière les critiques de ses anciens amis socialistes, qui l’accusent d’avoir « oublié tous ses combats » (Jean Marc Ayrault), et l’appellent à sortir de sa réserve (Jack Lang). Mais rien ne semble troubler la tranquillité du ministre des Affaires Etrangères, les critiques de son (in)action pas plus que les railleries sur la conversion à la Realpolitik de celui qui fut longtemps un activiste humanitaire forcené. Mercredi 26 mars il répondait dans Le Parisien : « Militant des droits de l’homme et ministre des Affaires étrangères ce n’est pas exactement le même rôle […] Quand on est au gouvernement, on ne dit pas n’importe quoi. »

Le problème est que l’ancien président de Médecins Sans Frontières donne l’impression que sa peur de dire n’importe quoi ne lui fait plus rien dire du tout.
La mesure est d’une certaine manière inhérente à la fonction de chef de la diplomatie, mais Kouchner semble en avoir fait sa seule ligne politique.

Lundi 31 mars, au sortir d’une conférence devant des élèves de Sciences Po, le ministre balayait les questions de La Télé Libre avec le sourire, comme il venait de le faire avec celles des étudiants. Plus tôt, pendant la conférence, cette confession d’une étudiante en master s’excusant de ne pas nous laisser filmer laissait songeur : « Ce n’est pas lui qui nous l’a demandé, mais c’est un souhait des organisateurs. On espère que s’il ne voit pas de caméra, il fera moins de langue de bois… »

Joseph Hirsch

Image : Morgann Martin

Montage : Bertrand Basset