Le ministère de la Culture et de la Communication affirme que la culture ne s’est jamais aussi bien…

Le ministère de la Culture et de la Communication affirme que la culture ne s’est jamais aussi bien portée. Or depuis le début de l’année, le monde culturel et artistique ne cesse de dire le contraire. Vendredi 29 février 2008, une grande mobilisation en faveur de la diversité culturelle et contre le désengagement de l’Etat dans la culture a permis aux artistes d’exprimer leur mécontentement.

« Je veux que la culture soit faite pour le peuple » annonçait l’année dernière le président Nicolas Sarkozy. Dès le 1er août 2007, il envoyait une « lettre de mission » à Christine Albanel, ministre de la Culture, où figuraient ses priorités, notamment la défense de la diversité culturelle et la valorisation du patrimoine.

Quelques mois plus tard, la mobilisation est nationale et massive. Vous aviez été sensible aux deux vidéos pour défendre une certaine idée de la culture, que nous avions publiées précédemment, LES OURS POUR LA CULTURE, La Télélibre s’est immergée dans la manifestation, organisée par l’Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles, UFISC, ce 29 février.

Ce qui inquiète les manifestants, c’est le budget de la culture. Alors que le ministère soutient que le budget n’a pas bougé, les professionnels de la culture affirment que leurs établissements sont touchés par des baisses de crédits importants. La manifestation, dédiée à l’origine aux professionnels du spectacle vivant, a vu ses rangs se grossir de membres d’autres secteurs de la culture (cinéma, édition…), concernés par les mêmes problèmes. « C’est vrai que le monde de la culture est assez sclérosé, mais on touche ici à quelque chose de plus fondamental, on touche ici au social » précise Philippe Henry, maître de conférence au département « théâtre » de l’université Paris-VIII. En effet, la suppression des crédits et des subventions promis aux acteurs du spectacles vivants touche toute la scène culturelle française.

Selon les manifestants, la conséquence d’un tel acte est tout d’abord la mort de petites compagnies associatives dans les hôpitaux, les écoles ou en zones rurales. « Le ministère protège le terreau de la culture française sans se rendre compte des minorités invisibles qui fondent la démocratisation culturelle » affirme Philippe Henry. Cela aura également pour conséquence, une baisse de la diversité culturelle pour les plus grands établissements, comme par exemple le Théâtre de l’Odéon, nous dit-on…

Ces inquiétudes ont commencé au mois de novembre 2007.

Il existe en effet, des réserves de précaution que la loi d’orientation budgétaire, appelée Lolf, impose à tous les ministères. Or il est d’usage que ces réserves sont « dégelées » automatiquement l’année suivante. En ce qui concerne le ministère de la Culture et de la Communication, il a été annoncé au mois de novembre 2007 que ces fonds étaient gelés définitivement. Certains directeurs culturels avaient calculé leur budget prévisionnel par rapport à ces fonds. « Comment honorer nos engagements si ces fonds nous sont coupés » tranche Didier Bezace, directeur du théâtre de la Commune d’Aubervilliers.

Au ministère de la Culture et de la Communication, Jean de Saint-Guilhem, directeur du service de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles rétorque que les professionnels de la culture n’ont pas à faire de budget en tenant compte de ces fonds. Mais comme chaque année, les artistes prévoient un dégel des fonds comme pour n’importe quel ministère. D’après Philippe Henry, le problème ne se situe pas au niveau des finances. « Je ne peux concevoir que ce soit un problème de budget » affirme-t-il « il s’agit davantage d’une volonté politique ».

Jean de Saint-Guilhem affirme que la scène culturelle française se porte bien. Le budget de la culture n’a pas baissé, mais n’a pas augmenté non plus (2% du budget global). Le problème se situe plutôt au niveau des petites compagnies qui ne cessent d’augmenter. « Tout le monde veut une part du gâteau » précise-t-il. Concernant la « démocratisation de la culture », tout se passe bien également. 1% d’augmentation des fréquentations des théâtres par an selon les chiffres du ministère de la Culture et de la Communication. Jean-Pierre Vincent, directeur de la compagnie Studio Libre, affirme quant à lui que 65% des Français disaient ne jamais être allé au théâtre. Des chiffres se contredisent.

Il n’est donc pas question de savoir qui du ministère ou des artistes a raison. Il existe juste deux réalités de la culture en France. Ce qui est sûr, c’est que le système culturel français est connu pour être unique au monde. Or toucher à son intégrité pourrait le mettre en péril et par la même détruire la diversité culturelle qui lui est si chère.

Aurélie Durand

Images: Morgann Martin
Montage: Smaïn-Morgan

L’UFISC (Union Fédérale d’Intervention des structures Culturelles) regroupe :
– LA FEDERATION – Association professionnelle des arts de rue
– FEDUROK – Fédération des lieux de musiques amplifiées/ actuelles
– SYNAVI – Syndicat national des arts vivants
– SCC – Syndicat du Cirque de Création
– FSJ – Fédération des Scènes de Jazz et de musiques improvisées
– CITI – Centre International pour le Théâtre Itinérant
– RESEAU CHAINON – Fédération des Nouveaux Territoires de l’Art
– ACTES IF – Réseau solidaire de lieux culturels franciliens
– RIF – Confédération des réseaux départementaux de lieux de musiques actuelles/ amplifiées en Ile-de-France
– SMA – Syndicat national des petites et moyennes structures non lucratives de Musiques Actuelles
– ZONE FRANCHE – Fédération des musiques du monde

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www.ufisc.org